Dans les années 80, l'alpinisme rentre dans le"modernisme". Fini l'escalade "à la papa" tel que définit par des légendes comme Rebuffat, Desmaison, Bonatti et autres Terray et Lachenal. Place aux extraterrestres, les Boivin, Edlinger, Berhault, Profit et donc Escoffier. La montagne n'est plus considérée comme un problème à surmonter, mais comme un simple terrain de jeux ! Toujours plus vite, des enchaînements de face nord ultra rapides. Là où dans les années 50 trois ou quatre jours étaient nécessaires, il ne faut que 24 heures à ces fous furieux. Le premier à se lancer dans ces défis impossibles sera Jean Marc Boivin au début des années 80. Puis ce seront les deux talentueux frères ennemis: Christophe Profit, le méthodique et Éric Escoffier, l instinctif. C'est Profit le premier qui lancera l'offensive avec le solo des Drus. Qu'on se rende compte: en 1962, il avait fallu deux jours pour ouvrir la directe américaine à Hemming et Robbins, là où il ne faudra que 3h10 (!!!) à Profit. Mais celui-ci est surtout connu pour avoir accompli en 1987 et en hivernale la trilogie Jorasse- Eiger-Cervin-. Et Escoffier ? Il répondra à Profit par une première hivernale aux Drus. Puis il s'attaquera assez rapidement aux sommets himalayens.
Ce qui fait la force de ce bouquin, c'est la personnalité unique d Escoffier qui détonne dans le monde de l'alpinisme. Beau gosse enchainant les conquêtes aussi bien alpines que féminines (sic) il est également capable d'être co-pilote en rallye... Et c'est cela qui lui vaudra le premier coup d'arrêt dans sa vie: un grave accident le rend hémiplégique à 35%. Fini les ascensions ? C'est mal connaître ce phénomène qui signera encore des exploits...jusqu'à sa disparition. C'est la malédiction de cette génération dorée, à la fois trop forte mais sûrement trop fougueuse. Seul Profit est toujours vivant, sûrement parce qu'il a su s'arrêter à temps et faire le choix de devenir "simple" guide de haute montagne.
En attendant, il nous reste à re-découvrir ces supermen des temps modernes à travers des proses enchanteresses, et dieu sait que Jean Michel Asselin sait nous emporter !