Bénédicte Desforges Flic, Chroniques de la police ordinaire
Quand une femme flic se met à nu
Policier en région parisienne, Bénédicte Desforges raconte son quotidien de femme flic sans concession. Ou la vie d'un commissariat comme si vous y étiez.
"Emmerdeur institutionnel", "tortionnaire latent", "poseur de PV"... Elle a voulu tordre le coup aux tas de clichés circulant sur les flics, alors, elle a écrit. Non pas pour raconter sa carrière à la manière d'un commissaire fraîchement à la retraite et qui déjà s'ennuie. Non, elle l'a fait pour elle. Pour se défouler. Pour se faire plaisir.
Dans Flic, chroniques de la police ordinaire (1), Bénédicte Desforges raconte son quotidien, celui des "flics de base". Ce qui la touche, lui ravage la conscience, ces images qui ne la quitteront plus. Tout cela sans langue de bois aucune. Et le devoir de réserve alors ? Elle n'en a que faire, "pas le plus important". Pour preuve, elle n'a demandé à personne l'autorisation d'écrire le bouquin. "Et puis, au final, je rends la police plutôt sympa", raconte cette quadragénaire, lieutenant en région parisienne.
"Je m'en veux encore"
Les chapitres, très courts, ressemblent aux épisodes de séries policières, de celles qui fleurissent sur les écrans de télé. Voyez les titres : "Incendie dans la nuit", "Potin de Montmartre", "La rouquine de Roland Garros", "Mort subite" ... Et comme dans tous les polars, les protagonistes sont des putes, des gentils flics, des méchants flics, des dealers, des victimes... Il y a de l'action -forcément-, des histoires -sordides souvent, belles parfois-, des portraits, de l'humour, des regrets.
Dans "Culpabilisation", Bénédicte Desforges raconte cette intervention chez une femme médecin qui venait de se faire poignarder. Avec un collègue, ils étaient les premiers sur place. "La victime était très choquée. Je ne lui ai pas demandé le signalement de son agresseur. Je pensais le faire après les soins. Ça ne saignait pas trop, je ne voulais pas la stresser avec ça..." Le jeune médecin est mort dans l'heure. Elle avait 34 ans. "Je m'en veux. Je m'en veux encore", écrit Bénédicte Desforges.
Elle dit aussi avoir "écrit le meilleur choix que j'ai fait de ma vie : celui d'être flic". A la lecture de ces chroniques rédigées dans un style vif par une plume acérée, le lecteur la croit aisément ; et reconsidère les préjugés qu'il pouvait avoir sur ces fonctionnaires.
Source LCI