Récit mythique d'un des plus grands exploits de l'alpinisme, j'ai redécouvert cette histoire en écoutant sur Europe1 le récit qu'en a tiré Christophe Hondelatte, dans son émission "Hondelatte raconte". Même si j'apprécie moyennement l'homme ("fort avec les faibles, faible avec les forts" comme on disait de Léon Zitrone), force est de constater que le bougre, aussi colérique soit-il, sait raconter un récit. J'étais captivé, alors même que, passionné de randonnée, je connaissais cette histoire. C'est pourquoi j'ai ressorti ce bouquin de ma bibliothèque pour m'y replonger. Et mon Dieu, quelle épopée! Cependant, là où le livre est intéressant, c'est qu'il va plus loin que cette aventure, pour se projeter dans l'après. Comment Lafaille a survécu psychologiquement, comment il a surmonté la mort de son coéquipier.
Au départ, Pierre Beghin, une sommité, un himalayiste, qui cherche en coéquipier pour l'accompagner sur la face sud de l'Annapurna en 1992. Ce sera Lafaille, un grimpeur surdoué, originaire de Gap (l'endroit d'où je démarre mes randos!). Mais aucun des deux n'imagine le drame qui va se nouer là-haut à plus de 7500 mètres, là où contrairement à tous les autres sports (y compris aux marins dont on nous rabat sans arrêt les oreilles, Kersauzon le premier, comme étant les derniers aventuriers) aucun hélicoptère ne peut venir vous sauver. Pour vous donner juste une idée, Lafaille devra désescalader seul plus de 3000 mètres de paroi verglacée avec pour une partie, un seul bras, l'autre étant fracturé!
Alors certes, Hondelatte reçoit dans ces cas-là à chaque fin de récit l'invité, sauf que là, ce n'était simplement pas possible. Si Lafaille s'en est sorti cette fois-là, la montagne a réclamé son dû quelques années plus tard. Et comme la grande majorité des alpinistes de ces années-là, il a disparu lors de l'ascension du Makalu en 2006 (là aussi aucune autre discipline sportive ne peut se targuer d'un nombre aussi conséquent de décès!). N'hésitez pas à lire le livre posthume écrit par sa femme Katia : "Sans lui", bouleversant!