Un soir, dans un petit village de Pennsylvanie, Shana surprend sa jeune sœur, Nessie en train de marcher hors de leur maison. Semblant atteinte d'une forme rare de somnambulisme, elle est bientôt rejointe par un second errant, puis un troisième... Jusqu'à former une horde. Au même moment, une étrange épidémie fait son apparition, semblant impossible à maîtriser...
Difficile de résumer un livre-somme de plus de 1100 pages. Le moins que l'on puisse dire est que l'auteur a, dans ce roman publié en 2019, été frappé du sceau de la prophétie ! On a l'impression que cette maladie appelée "masque blanc" ressemble dans sa façon aléatoire (du moins au début) de frapper les gens au covid-19. Il faut d'ailleurs reconnaître à Wendig qu'il a dû compulser un maximum de bouquins sur les maladies pour toutes les théories émises par les médecins, protagonistes du livre comme Benji Ray, Sadie, Arav... En fait, ce roman fait immédiatement penser au Fléau de King, en moins fantastique, mais également en moins punchy. On est plus ici dans la comprehension des errants et de leurs proches, que dans l'atmosphère de fin du monde ou le bien et le mal s'oppose frontalement. Alors certes, l'écrivain n'oublie pas de taper fort sur la religion (ah, le personnage de Matthew Bird, sûrement les passages les plus passionnants) et sur la NRA (mon Dieu ce fumier de Ozark Stover fait réellement peur, odieux et sans moral, manipulateur et à l'origine d'une scène glaçante de viol...), sans compter Pete Corley, ex star du rock, homosexuel refoulé, tiraillé entre l'envie de revivre avec sa femme et celle de continuer son cinéma de starlette déchue, amouraché de Landry... Mais malgré un nombre de pages conséquent, bien des personnages secondaires vont disparaître sans que l'on ait de réponses sur leur sort (un des reproches du livre). L' aspect science-fictionnel apparaissant à travers Black Swan ne dérange pas même si le recours au nanotechnologie avait déjà été utilisé (et très bien) dans le fabuleux roman de Eschbach, Maître de la matière. Au final, car il est impossible de résumer un tel roman, un bouquin qui se lit très bien, même si la partie errants-bergers s'étend sur des pages et des pages, sans que l'on avance beaucoup (les Somnambules n'est pas un page turner avec un rebondissement à chaque fin de chapitre) et qui a le mérite de dénoncer une partie connue mais néanmoins glacante de l'Amérique d'aujourd'hui...
4.8/5