Roger Smith...cela faisait quelques années que j'entendais parler de cet auteur. Cela avait commencé avec Melanges de sang (déjà critiqué ici) dont j'avais entendu parler sur une radio, le critique étant rien moins que dythirambique, prévenant cependant son futur lectorat que ledit roman n'était pas à mettre entre toutes les mains. Alléché par tout ceci, j'avais mis Roger Smith et ce roman dans un coin de ma tête, mais les années passants et d'autres romans apparaissants, ce bon Roger s'était plus ou moins trouvé relégué dans les tréfonds d'une mémoire de plus en plus poreuse avec l'âge! Et c'est l'année dernière, en faisant un petit tour dans une librairie, entre deux randonnées dans mon coin fétiche, que m'est apparu une drôle de couverture, celle d'une jeune noire dansant en tutu devant des baraquements en ruines...et c'est là que le nom de l'auteur m'est revenu: Roger Smith, le gars que je devais lire des années plus tôt! Ni une ni deux, voilà le bouquin entre mes mains et dans une période compliquée à vivre, ce n'était pourtant pas la meilleure des lectures possibles...mais voilà, avec cet auteur, une fois commencé, comme dit l'adage on ne peut le lâcher! Alors voici une critique de ces romans , dans l'ordre lu et pour une fois en parfait désordre, aucun de ses romans n'ayant de héros récurrents, si ce n'est la ville du Cap!
Le piège de Vernon - éd Calmann-levy 2014 (capture -2012)
Vernon Saul, ancien flic travaillant maintenant pour une compagnie de sécurité (type Securitas), est témoin de la noyade accidentelle de Sunny Exley quatre ans, pendant que son père Nick fume de l'herbe et que sa mère s'envoie en l'air avec son amant. Feignant de vouloir la sauver en pratiquant un bouche à bouche dont il sait qu'il ne servira à rien, il se met le couple dans la poche et va alors manoeuvrer pour arriver à ses fins...
UN COUP DE POING DANS LA GUEULE! Il y avait bien longtemps qu'un tel auteur ne m'avait pas laissé aussi groggy, tel un boxeur venant de prendre un bel uppercut! Le piège de Vernon est de ces romans qui restent une fois lu et que l'on a plaisir à conseiller...à condition d'avoir le coeur bien accroché, car ici point de salut, hormis quelques lueurs venant de l'invention d'Exley, tout est pourri jusqu'à la moelle et l'on frémit lorsque l'on pense que rien n'est exagéré dans ce que raconte Smith. Je n'ai jamais lu Deon Meyer l'écrivain policier numero 1 d'Afrique du Sud, mais lui aussi décrit apparemment cet endroit de cette façon où l'espoir semble être une notion disparue. Chacun des personnages de ce roman, même les plus affreux - et peut être SURTOUT eux- cherchent une échappatoire: Saul veut continuer à vivre sans perdre trop de ses avantages, si minces soient ils, Nick Exley veut se prouver en créant un double virtuel de sa fille qu'il peut se rattraper de son erreur (le syndrome Frankenstein?) et continuer à vivre dans le déni, Caroline sa femme, veut croire à une rédemption en virant son amant, Dawn, la pute qui se fait entretenir malgré elle par Saul cherche une porte de sortie pour sa fille...et tout ce petit monde va se telescoper jusqu'à un final ma foi assez optimiste! Un exploit chez cet auteur? Il semble que oui, au vu du roman suivant Pièges et Sacrifices...