Il y a Jorge, détenu emprisonné depuis 16 ans pour un crime qu'il dit n'avoir pas commis. Il y a Mo, une mère de famille qui fait ce qu'elle peut. Il y a Sasha, un ébéniste au grand cœur. Il y a Victoria , une jeune adolescente dégourdie. Il y a Jules et sa bande de minables harceleurs. Il y a Solers, le prototype du flic dégueulasse. Il y a Angélique, la prisonnière d'un monstre. Et surtout il y a Léonard, le géant à l'esprit retardé, le véritable héros de ce roman inoubliable...
J'avais beaucoup apprécié "Ce que tu as fais de moi", le précédent roman de Karine Giebel, qui était malgré tout loin, très loin, de ses chefs d’œuvres: Toutes blessent, la dernière tue, Purgatoire des innocents et Meurtre pour rédemption.
Glen Affric les surpasse tous!
Glen Affric est un putain de roman!
Il vous emporte dès la première page et vous relâche, exsangue, à la 760ème page. Et vous ne les avez pas vu passer.
Alors certes, Giebel s'est énormément inspiré du roman de Steinbeck: Des souris et des hommes. Mais c'est pour mieux le transcender. Si l’œuvre de Steinbeck m'avait touché, le roman de Giebel m'a lui littéralement coulé (sic)!
Se déroulant en France de nos jours et non aux USA pendant la grande dépression, sa force est d'autant plus grande que l'autrice étire l'histoire au maximum, exploitant toutes les possibilités offertes par des genres aussi différents que le polar ou le roman sentimental, à savoir un rebondissement inattendu dans l'enquête qui au final ne change rien au plan machiavélique de Giebel, à savoir nous achever avec un final qui m'a laissé les larmes aux yeux. Comme de bien entendu, tous les personnages, je dis bien TOUS, sont incroyablement dépeints et chacun de leur destin reste imprimé dans notre esprit.
Que Karine Giebel soit actuellement la plus grande romancière française (y compris côté masculin) ne fait pour moi aucun doute, mais qu'elle soit une des meilleurs tous genres confondus, cela ne me pose pas de problème de l'affirmer. Ainsi, comme j'attendais jadis avec impatience la sortie d'un Ed Mc Bain, chaque sortie d'un roman de cette femme est pour moi un évènement littéraire bien plus important que celle "surgonflée" d'un Nothomb ou d'un Angot dont on va pourtant entendre bien plus parler...les mystères de l'intelligentsia parisianiste...
PS: comment une femme au visage si doux peut-elle écrire des romans si sombres?
6/5!! CHEF D'OEUVRE