Gordon Rooker est en prison pour avoir brûlé vive une gamine, il y a de cela vingt ans. Plus tard, elle s'était jetée d'un toit.
Et le pire, c'est qu'elle n'était pas la bonne cible...
Et voilà qu'un imitateur sévit à Londres, un adepte, lui aussi, de l'essence à briquet.
Pour mettre un terme à la guerre de territoire que se livrent dans l'East End les gangs turcs, kurdes et irlandais traditionnels, l'inspecteur Thorne doit découvrir qui, jadis, avait commandité le crime.
Cela implique de négocier avec Rooker, dont la culpabilité ne paraît plus si évidente...
Extrait du livre :
Plus tard, Carol Chamberlain se persuaderait qu'elle était en train de rêver de Jessica Clarke quand elle avait reçu le premier coup de fil. Que la sonnerie du téléphone l'avait tirée du sommeil, l'éloignant des bruits et de l'odeur. De l'image confuse d'une fille qui court, des couleurs grimpant le long de son dos, explosant et voletant vers son cou, écharpe pourpre et or.
Que le rêve soit imaginaire ou non, elle avait commencé à le refaire dès qu'elle eut raccroché. Assise au bord du lit, frissonnante ; Jack, qui n'avait que peu remué, dormant comme une souche derrière elle.
Elle vit tout.
Les couleurs étaient aussi éclatantes et les bruits aussi clairs et retentissants que ce matin-là, vingt ans auparavant. Carol n'en doutait pas. Bien qu'elle ne se soit pas trouvée sur les lieux et n'ait rien vu de ses propres yeux, elle avait interrogé toutes les personnes présentes, sans exception. Maintenant, en se repassant la scène dans sa tête, en se l'imaginant, elle était persuadée de voir exactement comment tout s'était déroulé...
Les bruits - celui de l'herbe sous les pas de l'homme tandis qu'il gravissait la côte, celui de son fredonnement indistinct -étaient noyés par les échos provenant de la cour de récréation. Entre les pics aigus des cris et des hurlements se glissait le doux vibrato de bavardages et de papotages, une conversation dont la vague roulait à travers la cour et descendait jusqu'au bas de la pente, vers la route.
L'homme tendait l'oreille à mesure qu'il approchait, sans pouvoir rien entendre distinctement. Les conversations devaient sûrement tourner autour des garçons et de la musique. Qui était branché et qui ne l'était pas. Il entendait aussi un autre bruit : le vrombissement d'une tondeuse à gazon provenant de l'autre bout de l'école où s'activait une équipe de jardiniers. Ils portaient des combinaisons de travail vertes, tout comme lui. Il ne manquait à la sienne que l'écusson avec le logo de la ville.
Mains dans les poches, casquette vissée sur la tête, il contourna la cour de récréation jusqu'à l'endroit où la fille et sa bande de copines s'étaient réunies. Certaines d'entre elles s'adossaient au grillage, rebondissant doucement contre lui, détendues.
L'homme détacha le sécateur de sa ceinture et s'accroupit à quelques centimètres des filles, de l'autre côté de la clôture. D'une main, il se mit à couper les mauvaises herbes qui poussaient au pied d'un des poteaux en béton. De l'autre, il sortit de sa poche la recharge d'essence à briquet.
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Dernier battement de cil