29- Les sœurs ennemies (killer-2014 US) éd. Seuil
Deux sœurs que tout oppose se déchirent sur la garde de l'enfant de la cadette. Constance Sykes, médecin, est persuadée que Cheri, marginale au cœur d'or, est incapable de s'occuper de sa fille Rambla. Elle intente un procès pour obtenir la garde de l'enfant mais est bientôt retrouvée morte. Bien sûr, tout porte à croire que la meurtrière est Cheri, d'autant qu'elle disparait au même moment. Delaware pense l'affaire plus complexe qu'il n'y parait pendant que Milo, lui, est persuadé de la culpabilité de la cadette. Qui a raison?
Bookreporter annonce au dos "un des meilleurs de la série". Je n'irai pas jusqu'à affirmer cela, pour avoir lu (hormis ceux non traduits) la totalité des ouvrages de la série. La mécanique est de précision et nul doute que Kellerman est maintenant (et depuis un bon bout de temps) sur des rails, tout comme Ed mcBain l'était sur sa fin (attention, je n'ai pas dit "en roue libre"!). Tout est cadré et je me suis déjà exprimé sur mes critiques précédentes concernant la façon d'écrire de l'auteur qui privilégie maintenant les dialogues et l'action au détriment du développement psychologique qui faisait justement la différence avec les autres auteurs de polars, car rappelons-le, Kellerman avant d'être romancier était médecin psy. Sur cette enquête, toujours pas d'avancée sur les rapports Alex-Robin, comme si l'auteur n'avait plus rien à en dire, limite vieux couple, rappelant quasiment à chaque fois leur déménagement dû à un psychopathe qui avait brûlé leur première maison dans un roman toujours pas traduit à ce jour (grrr)...et c'est tout! Il est loin le temps où Kellerman nous faisait partager leurs questionnements dans des discussions passionnantes faisant échos à nos propres doutes. Aujourd'hui, tout va toujours plus vite, internet oblige et c'est comme si l'auteur avait peur de lasser son propre public en croyant l'ennuyer, alors on file direct, Milo n'est plus qu'un "avaleur de bouffe", rentrant seulement chez les Delaware pour vider le frigo, bien éloigné du personnage complexe esquissé dans "Qu'elle repose en paix", mais à l'époque, il faut dire que le romancier pondait des ouvrages de 500 pages, contrairement aux standardisés derniers bouquins n'en excédant pas 350. Certes, il dépeint toujours aussi bien et avec une économie de moyens tout à son honneur, des personnages vivants (les "victimes" de chacun de ces nouveaux romans) mais pour ce qui est des "historiques", c'est calme plat. Alors, certes, ça avance vite, on ne s'ennuie pas une seconde et c'est bien calibré. Mais par moments, je regrette le Kellerman des débuts, celui qui savait nous plonger dans les méandres tortueux de l'âme humaine, à la manière d'un autre grand romancier-psychologue Keith Ablow, auteur de six romans mettant en scène Frank Clevenger, tous plus violents les uns que les autres. Si vous ne les avez pas lus, ruez-vous dessus sans attendre, mais attention, c'est autrement plus corsé que la série de Kellerman!
4/5
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