Grand habitué de Plume Libre, Marin Ledun nous reviens avec un thriller futuriste disponible à partir du 13 janvier 2011 dans toutes les bonnes boucheries.
Lire la chronique sur Plume Libre4ème de couverture a écrit :
Thomas Zigler vit en Zone Est. Un immense territoire autrefois appelé Rhône-Alpes coupé du reste du monde par de hauts murs. Thomas n’était qu’un enfant lors de la catastrophe. Un banal accident de labo qui a viré au cauchemar. Toute la population a été touchée. Les survivants sont aveugles et bardés d’organes artificiels. Thomas n’y a pas échappé, mais la vie continue…
Thomas est payé pour voler la mémoire des gens pour le compte de criminels intouchables. Mais lors d’une mission il voit dans les souvenirs de sa victime une jeune femme « normale ». Or plus personne depuis 20 ans n’a vu d’humain biologique dans la Zone Est…
Marin Ledun a écrit :
Pour Zone-Est, difficile d'en dire beaucoup plus pour le moment, sinon que c'est un roman de près de 500 pages, qui se situe à peu près 40 ans après aujourd'hui, et qui met en scène un chasseur d'informations cérébrales dans un lieu étrange appelé Zone Est, coupé du monde par d'infranchissables murailles, situé à peu près entre Lyon et Montpellier, dans l'ancienne vallée du Rhône, bouffée 35 ans plus tôt par un virus, et où les humains "biologiques" d'origine n'existent plus, ses habitants étant la proie à de profondes mutations génétiques mal contrôlées. Jusqu'au jour où notre chasseur découvre l'existence d'humains biologiques, et va être forcé de refaire l'histoire de la Zone Est. Donc, un gros roman d'anticipation, tendance cyberpunk, publié au Fleuve Noir dans la collection « thriller » par Bénédicte Lombardo, le 13 janvier prochain. Beaucoup d'action, une écriture très efficace, légèrement décalé par rapport à l’ultra-réalisme de mes romans précédents. Je me suis régalé à l'écrire.
Extrait de Zone Est a écrit :
La Zone Est est une immense zone urbaine et industrielle de deux cents vingt kilomètres du nord au sud, sur à peine quatre-vingts de l’est à l’ouest. Coincée entre les Alpes et le Massif Central, elle s’étend sur un territoire recouvrant jadis l’agglomération lyonnaise et la périphérie sud d’Orange, bien que ces villes ne renvoient plus aujourd’hui qu’à des noms fantomatiques tirés des livres d’histoire. Magma d’usines, de barres de béton gavées de centres commerciaux, d’habitations et de bureaux, et de landes stériles, elle n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on appelait la Vallée du Rhône. La source s’est tarie et l’eau du fleuve a cessé de couler depuis longtemps. Son cours a été terraformé depuis, et abrite des centaines de mètres d’étages enfouis et de tunnels dédiés à l’agriculture biogénétique. Trois millions d’êtres humains à nourrir, à soigner et à panser. Plus de deux millions de travailleurs, et quelques électrons libres comme moi, suffisamment chanceux pour aller et venir où bon leur semble, au rythme des contrats et au cœur de la nuit artificielle.
Son nom rappelle qu’à une époque, désormais révolue, les autorités en charge d’ériger le Mur et de nous isoler du reste d’un monde en dégénérescence ont caressé le projet d’un élargissement à l’ouest sur une surface équivalente, au-delà des Monts Lozère. J’avais sept ans quand les premières dalles de béton se sont dressées dans le ciel, à l’assaut des nuages. Depuis, personne ne sait comment a évolué le reste du monde, et vu les ravages causés par le virus pendant les mois qui ont précédé la fermeture totale de la Zone Est, et les dix années nécessaires à les endiguer puis les réparer qui ont suivi, je doute que quiconque ici ait envie de vérifier par lui-même. L’idée paraîtrait d’ailleurs incongrue, dans un espace vital où les frontières du Mur font office de fin du monde. Un peu comme quand les hommes croyaient la terre plate et redoutaient que leurs bateaux, trop avancés sur la ligne de l’horizon, ne tombent dans l’espace, dans le vide ou dans les flammes de l’enfer. Quiconque est né avant le Mur et lui a survécu sait de quoi je parle.
Et ceux qui sont venus au monde après ne l’imaginent même pas.
Le gouvernement des quinze a pris notre destinée en main quelques minutes après que le nanovirus ait échappé aux chercheurs de Toulouse, de Grenoble et de la proche banlieue parisienne. Le 18 décembre 2010, à treize heures et cinquante-quatre minutes exactement, pour une raison ignorée de tous, les expériences menées depuis des années sur le nanomonde ont toutes abouties à la même catastrophe. Comme si l’horloge interne des nanoparticules était réglée sur cette date depuis toujours. Comme si ce jour était gravé dans le marbre, quelque part entre deux photons et une chaîne génétique. Réactions en chaîne, mutations rapides, explosion des principales centrales nucléaires encore en activité dans le monde, rupture de toute activité électrique et magnétique, arrêt des télécommunications, chute des satellites et j’en passe. Les nanovirus se sont multipliés et répandus au gré des vents et de la matière vivante aussi sûrement que le microbe de la grippe aviaire dans un élevage de canards touchés par une épizootie. En mutant au contact de leurs hôtes, les nanovirus se sont attaqués en quelques heures aux organes du règne vivant, flore et faune. J’ai vu des hommes hurler, le cerveau et le foie rongés par des bactéries minuscules, avant de s’effondrer, terrassés en quelques minutes à peine. Des corps brûlés vifs par moins dix degrés, des membres pousser en dépit des lois de la nature, des femmes à deux têtes, des mômes à quatre jambes. J’ai moi-même perdu la vue et la plus grande partie de mon système digestif des suites de la contamination.
Pour autant que je sache, de ces villes et des millions d’habitants, d’animaux et de plantes qui vivaient à proximité, il ne reste rien.
Le reste est affaire de génétique aléatoire.
Et de chance.
Dans les années qui ont suivi, la seule préoccupation des survivants a été de tenir jusqu’au jour suivant, sans trop s’inquiéter du sort du reste de la population mondiale. Officiellement, aucun humain biologique n’a survécu en l’état.
C’est du moins ce que je croyais encore dix minutes plus tôt, dans cette ruelle de la périphérie sud.
—————
l'extrait est issue de la présentation du roman sur
le blog de Marin Ledun.