Johnny Richardson revient à Oakridge pour affronter la réalité des faits: des années auparavant, alors qu'il batifolait dans les bois, son jeune frère Stan avait manqué de se noyer. Sauvé in extremis, celui-ci ne sera plus jamais le même, désormais un peu plus lent d'esprit. Une opportunité est offerte à Johnny et à Stan, à travers la création d'une société de vente de plantes, de se relancer mais le suicide de la femme d'une personnalité locale va alors entraîner Johnny et tous ceux l'entourant dans une spirale où personne n'en sortira indemne...
Rappelant les romans noirs "ruraux"de James Hadley Chase avec le tryptique mari-femme-amant, ici remplacé par copain-ancienne petite amie-copain rabroue, Stokoe nous offre l'histoire classique d'une rédemption recherchée par
le héros narrateur voulant réparer le désastre qu'il a créé des années plus tôt. Johnny retrouve Marla sa fiancée de l'époque qui se prostitue en plus de son boulot à la mairie pour survivre, son ex meilleur ami Gareth devenu plus ou moins le souteneur de cette dernière, Bill le patron de l'entreprise de plantes où travaille son frère Stan, un homme ayant des goût sexuels légèrement déviants et enfin un père aimant...mais à sa façon. Une galerie de personnages réussie pour une histoire qui à mon sens aurait mérité d'être elaguee d'une centaine de pages, ce que savait si bien faire Chase. Ce qui m'a le plus étonné dans ce roman crépusculaire, c'est la façon dont le héros semble ballotté tout au long du récit, n'agissant qu'en toute fin du roman, le reste du temps il reste passif y compris devant les pires exactions qu'on commet devant lui, se justifiant seulement par un "je ne pouvais faire autrement" un peu facile, bref un vrai punching ball! Je ne sais pas si l'auteur l'a fait exprès car un héros qui n'agit pas j'avais déjà vu, mais qui n'est pas dans la réaction non plus, ça c'est nouveau! Ce qui fait que Johnny enerve assez vite, au contraire de Stan, son frère retardé, figure émouvante arrivant à élever notre empathie et à emporter l'adhésion, les scènes entre les deux frangins étant d'ailleurs les plus réussies. Pour le reste, les figures imposées du roman noir sont présentes et on passe un bon moment, d'autant que l'écriture est plutôt fluide et recherchée, à moins que cela ne soit dû à la traduction (utilisation de mots rares comme "terebrant""zelote"ou "iouler" dans ce genre de romans). Stokoe est également l'auteur de La belle vie, à ma connaissance un des seuls romans de la serie noire plastifié avec la mention "âmes sensibles s'abstenir" avec peut être le londres-express de Peter Loughran SN 1136.
4/5