Le procès réel d’un personnage fictif, les lecteurs en ont toujours rêvé. Le Prix SNCF du polar l’a fait. Cet événement unique en son genre s’est tenu à Limoges, et pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’y assister, une séance de rattrapage vous est offerte. Retour sur cette soirée inoubliable.
Jeudi 14 juin à 20h pile, en centre ville de Limoges. Plus de 400 âmes convergent vers une source lumineuse échappant de la Bibliothèque francophone Multimédia, aux pouvoirs étrangement attractifs. En s’approchant de ce lieu de rendez-vous, faussement ésotérique, on distingue des silhouettes placées au centre d’un amphithéâtre plongé dans une ambiance feutrée. Devant une assemblée passionnée, les joutes verbales fusent. Ce sont des magistrats qui animent les débats. « J’appelle à la barre Monsieur François Bernard, directeur adjoint du SRPJ » lance Christian Payard, Président du Tribunal de Grande instance de Limoges le jour, et juge d’un procès d’un genre nouveau cette nuit là. En effet, une grande cage apposée sur le côté gauche de la scène rappelait le but de la soirée « Un Crime de A à Z … » : le procès de Karter Repp, par contumace, personnage issu de la créativité scénaristique de Maud Mayeras. Les lecteurs de son roman Hématome, finaliste de la 7e édition, sont bluffés par la prestation des magistrats, qui jouent leur rôle de composition à merveille. Tour à tour, les protagonistes de cette mise en scène, inédite et troublante d’authenticité, prennent la parole sur fond de pédagogie judiciaire. Maître Frédéric Olivé, avocat de Karter et membre du barreau de Limoges, détaille sa plaidoirie après la description atrocement macabre de François Bernard sur les lieux du crime. Puis vient le tour d’Olivier Tcherkessoff, Procureur de la République, qui rappelle le danger représenté par Karter Repp. Une peine à perpétuité, avec 22 ans de sûreté, est exigée... Des murmures émanent du premier rang, là où ont pris place les jurés choisis aléatoirement, comme dans les conditions du réel, par le Procureur de la République. Afin de couper court à un début d’indiscipline, puisque les avis des jurés divergent de plus en plus sur la réquisition, Christian Payard décide de lever l’audience. Après plus d’une heure et demie d’échanges captivants, les jurés sont invités à la délibération...
Tonnerre d’applaudissements à la fin du procès, amplement mérité tant la performance des « acteurs » fut à la hauteur de cette animation inédite. Invitée sur la scène, mais sans jamais interrompre les débats, Maud Mayeras est également conquise. « Je suis venue comme spectatrice et au final j’avoue être très impressionnée. J’ai senti un bel engouement du public devant le déroulement du procès, qui fut parfaitement joué. Cette soirée a été magnifique, et on n’est pas prêt de l’oublier ». Et pour ponctuer en beauté cette nuit mémorable, une projection de 2 grands films a eu lieu, Le petit lieutenant, et L. 627. Les amoureux du polar ont été comblés. Tout simplement.
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