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The Raven d'Edgar Allan Poe http://forum.plume-libre.com/viewtopic.php?f=31&t=1376 |
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Auteur : | Delphine [ 11/04/2007 04:22 ] |
Sujet du message : | The Raven d'Edgar Allan Poe |
Le Corbeau traduit par Charles Baudelaire Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d'une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. «C'est quelque visiteur, - murmurai-je, - qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n'est que cela et rien de plus.» Ah! distinctement je me souviens que c'était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain m'étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, - et qu'ici on ne nommera jamais plus. Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu'à ce jour ; si bien qu'enfin pour apaiser le battement de mon coeur, je me dressai, répétant: «C'est quelque visiteur attardé sollicitant l'entrée à la porte de ma chambre ; - c'est cela même, et rien de plus.» Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N'hésitant donc pas plus longtemps : «Monsieur, dis-je, ou madame, en vérité, j'implore votre pardon ; mais le fait est que je sommeillais et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu frapper à la porte de ma chambre, qu'à peine étais-je certain de vous avoir entendu.» Et alors j'ouvris la porte toute grande ; - les ténèbres, et rien de plus. Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d'étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu'aucun mortel n'a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut pas troublé, et l'immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : «Lénore!» - C'était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot : «Lénore!» Purement cela, et rien de plus. Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j'entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier. «Sûrement, - dis-je, - sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c'est, et explorons ce mystère. Laissons mon coeur se calmer un instant, et explorons ce mystère; - c'est le vent, et rien de plus.» Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d'ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta pas, il n'hésita pas une minute ; mais avec la mine d'un lord ou d'une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; - il se percha, s'installa, et rien de plus. Alors, cet oiseau d'ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire : «Bien que ta tête, - lui dis-je, - soit sans huppe et sans cimier, tu n'es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la nuit plutonienne!» Le corbeau dit : «Jamais plus!» Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole, bien que sa réponse n'eût pas une bien grand sens et ne me fût pas d'un grand secours ; car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d'un nom tel que - Jamais plus! Mais le corbeau, perché solitaitrement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, - jusqu'à ce que je me prisse à murmurer faiblement: «D'autres amis se sont déjà envolés loin de moi; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées.» L'oiseau dit alors: «Jamais plus!» Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d'à-propos : Sans doute, - dis-je, - ce qu'il prononce est tout son bagage de savoir, qu'il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit, jusqu'à ce que ses chansons n'eussent plus qu'un seul refrain, jusqu'à ce que le De profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain: «Jamais - jamais plus!» Mais le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l'oiseau et du buste et de la porte ; alors, m'enfonçant dans le velours, je m'appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en croassant son - Jamais plus! Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n'adressant plus une syllabe à l'oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu'au fond du coeur : je cherchai à deviner cela, et plus encore, ma tête reposant à l'aise sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe, ce velours violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, - ah! jamais plus! Alors, il me sembla que l'air s'épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient les séraphins dont les pas frôlaient le tapis de ma chambre. «Infortuné! - m'écriai-je, - ton Dieu t'a donné par ses anges, il t'a envoyé du répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore! Bois, oh! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue!» Le corbeau dit: «Jamais plus!» «Prophète! - dis-je, - être de malheur! oiseau ou démon! mais toujours prophète! que tu sois un envoyé du Tentateur, ou que la tempête t'ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l'Horreur hanté, - dis-moi sincèrement, je t'en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée? Dis, dis, je t'en supplie!» Le corbeau dit: «Jamais plus!» «Prophète! - dis-je, - être de malheur! oiseau ou démon! toujours prophète! par ce ciel tendu sur nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore, enbrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore.» Le corbeau dit : «Jamais plus!» «Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon! - hurlai-je en me redressan. - Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne; ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré; laisse ma solitude inviolée; quitte ce buste au-dessus de ma porte; arrache ton bec de mon coeur et précipite ton spectre loin de ma porte!» Le corbeau dit : «Jamais plus!» Et le corbeau, immuable, est toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon qui rêve; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s'élever, - jamais plus! |
Auteur : | Delphine [ 11/04/2007 04:55 ] |
Sujet du message : | |
Malheur, tristesse, annonciateur de mauvaises nouvelles tel est de destin du majestueux Corbeau. De tout temps cet oiseau à fait parler de lui mais pourquoi un tel mythe de malheur autour de lui ? Sa couleur noire ? Son cri ? le fait qu’il pillait les semailles ? Une explication comme une autre qui vient de la mythologie : Dans le mythe de la naissance d'Esculape, premier médecin de l'humanité, fils du dieu Apollon et de la mortelle Coronis. Cette dernière était enceinte d'Esculape, et trompait son mari Apollon avec un mortel, dans un jardin entouré de hauts buissons. C'est un corbeau, animal blanc à l'époque, qui dénonça anonymement l'adultère. Apollon le reconnut pourtant, et dans une crise de jalousie il assassina Coronis qui mit au monde Esculape avant son dernier souffle. Il décida surtout de punir le corbeau pour sa vilaine action; en rendant son plumage noir à tout jamais. C'est depuis ce mythe ancestral qu'on a coutume d'appeler les délateurs des corbeaux; et d'attribuer à ces volatiles un mauvais augure. Quoi qu’il en soit « The Raven » reste un des plus beaux textes écrit par Poe. |
Auteur : | Guillaume de Baskerville [ 06/01/2008 13:50 ] |
Sujet du message : | corbeau |
Pour continuer de parler du corbeau, ajoutons qu'il apparait beaucoup dans les légendes celtiques et que (Raven, tu en es d'autant plus imprégnée puisque vivant à Lyon ) le nom de Lyon (Lugdunum) ne viendrait pas de "la colline de Lug" mais, selon les traditions gauloises, de "la colline des corbeaux". En effet, c'est un vol de corbeaux qui aurait indiqué aux fondateurs l'endroit où construire la ville. Nul doute qu'un vol de corbeaux ne puisse nous préciser la demeure de Raven Quoiqu'il en soit, le corbeau était un animal sacré pour les Gaulois et, dans la mythologie scandinave on retrouve 2 corbeaux perchés sur le siège d'Odin. Le premier se nomme Hugin (l'esprit) et le second Munnin (la mémoire). 2 loups se trouvent également près d'Odin. Les 2 corbeaux représentent le principe de création et les 2 loups le principe de destruction. Il me semble que c'est surtout à partir de l'époque romantique que le corbeaux est devenu un animal négatif, principalement en Europe. En Chine et au Japon, il symbolise l'amour familial et, à l'école, les petits enfants chantent des chansons en son honneur. Il est vrai qu'au Japon, ce corbeau est dessiné rouge ! Merci Raven de partager avec nous un si magnifique texte. Guillaume de Baskerville[/i] |
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