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 Sujet du message : Questions à ... Marin Ledun
Message Publié : 16/06/2008 15:21 
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Marin Ledun

Ses romans
Modus Operandi
Marketing Viral

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Le blog de Marin Ledun

Merci beaucoup :grin:


Dernière édition par Delphine le 24/06/2008 02:18, édité 1 fois.

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Message Publié : 18/06/2008 05:01 
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Dans M.O. tu avais un univers très sombre, dans Marketing Viral il l’est encore plus.
Pourquoi ce style en particulier ?

D’où t’es venue l’idée du personnage d’ Eric Darrieux ?

Dans M.O. tu abordes des thèmes rudes comme la pédophilie, pourquoi ?

Comment es-tu venu à l’écriture ?

Oups ça fait beaucoup de questions ça

Merci Marin de te prêter au jeu


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Message Publié : 18/06/2008 09:27 
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Raven a écrit :
Dans M.O. tu avais un univers très sombre, dans Marketing Viral il l’est encore plus.
Pourquoi ce style en particulier ?

Tout d'abord, il me semblait être beaucoup plus sombre dans MO que dans MV... Dans Marketing Viral, l'héroïne, Jézabel, si elle est une victime de la folie de son père, est aussi empreinte de tout un tas de valeur positives qui vont à contre courant de celles que véhiculent la secte et le Cérimex : volonté de libération du joug paternel, émancipation de l'emprise de l'idéologie religieuse et technologique. C'est quand même quelque chose. Je ne dis pas qu'elle y parvient totalement, mais il y a cette volonté de libération qui me paraît fondamentale. Comme le dit Castoriadis, être libre ou se reposer, il faut choisir, et sur ce point Jézabel est vraiment "au travail" : elle se bat d'arrache-pied pour libérer son esprit, son corps et ceux qui lui sont chers. De même pour Nathan Seux, le héros, professeur d'université un tantinet naïf, est porteur de pas mal de valeurs positives (refus du conformisme, scepticisme constructif vis-à-vis des bio et nanotechnologies, une certaine forme d'intégrité, etc.). Alors bien sûr, il y a les aspects "thriller" du roman et la réalité des peurs liées aux nouvelles technologies, ce qui me permet de répondre à ta question initiale : pourquoi ce style en particulier ? Assez simplement parce que je m'inscris dans une tradition "noire" française ou occidentale qui est ma culture (que je le veuille ou non) et qui me fournit une certaine liste de codes du genre (suspense, meurtres, complots, manipulation, tension narrative, etc.) pour traiter de manière piquante un sujet plus que jamais d'actualité (avec la biométrie, les bio et nanotechnologies, le fichage informatique, etc.) : le contrôle social. Dans cette tradition, le genre "noir" ou "sombre" est une façon d'explorer les limites et les failles de notre organisation sociale, d'aller voir ce qui se passe à la marge, aux frontières du normal et du pathologique, précisément parce que notre organisation sociale, depuis plus d'un siècle, n'a de cesse de repousser ces frontières en permanence et que c'est notamment là que tout se joue, dans les coins obscurs, les zones d'ombres, les zones de transit, le long des frontières, etc. Mais noir ou sombre ne veut pas dire pessimiste ou négatif, juste que quand c'est sale et dur, je crois qu'il faut le dire et le décrire comme tel. Les enfants martyrisés, c'est sale et dur et ce n'est pas une histoire de bons sentiments. Idem pour le développement des bio et nano aujourd'hui. Cela passe par des expérimentations, des questions de pouvoir, des prises de marché économique, des guerres de laboratoires, du fric, de l'envie, de la jalousie, etc. Pour répondre d'une autre manière à ta question, je pourrais également dire que ce qui fonctionne bien ne m'intéresse finalement pas ou très peu. Quand ça marche, on en profite, on en jouit, on le vit. Alors que les cafouillages, les erreurs, les manipulations, les rues sombres, tout cela suscite ma curiosité parce que c'est dans ces endroits-là et ces moments-là que toutes les formes de pouvoir, de totalitarisme, de contrôle viennent se nicher.

Raven a écrit :
D’où t’es venue l’idée du personnage d’ Eric Darrieux ?

Il va falloir que j'entame une psychanalyse parce que je n'en ai aucune idée (rires). Plus sérieusement parce que ce type-là, je le croise tous les jours. Eric est schyzophrène, comme tu l'as compris, et a du mal à distinguer la réalité de son imaginaire. Lorsque l'on traîne dans les rues avec les bons yeux, on s'aperçoit que des tas de gens, et pas forcément des gens qui vivent dans la rue, ont des regards hallucinés, parlent en marchant, même s'ils sont seuls, font des grands gestes. La schyzophrénie existe aujourd'hui chez plein de gens (sous des formes plus ou moins douces) et n'est pas toujours détectée, notamment en zone urbaine, quand certaines personnes vivent seules, ont peu ou pas de relations sociales. Du coup, elle n'est pas détectée ou alors on se contente de dire : tiens, il a un grain, celui-là. Eric Darrieux est un peu leur porte-parole. Il vit seul, a une vie sentimentale difficile et agitée, et une vie professionnelle perturbée. Il peut être notre voisin de palier, de rue, etc.

Raven a écrit :
Dans M.O. tu abordes des thèmes rudes comme la pédophilie, pourquoi ?

Les zones d'ombre. On rejoint ma réponse à ta première question. C'est dur, mais cela existe et c'est trop occulté sous l'angle de la vie quotidienne. On en voit souvent l'aspect spectaculaire (la plupart des thrillers ont au moins une fois un réseau pédophile qui passe par là, la presse et les médias en général bondit sur la moindre affaire qui tourne autour de cette terrible question), mais la pédophilie, c'est au contraire quelque chose qui existe dans le temps, au quotidien, et qui concerne malheureusement beaucoup de monde (je n'ai plus les chiffres en têtes, mais c'est de l'ordre d'une personne sur dix en moyenne, qui a un jour été confronté à ce problème, sous des formes diverses, c'est énorme !). Je n'ai donc pas attaqué ce sujet pour faire du sensationnel comme on a pu me le reprocher ou le craindre, mais bien parce que d'une part, ça existe, et que très souvent c'est traité sur un mode sensationnel qui ne me convient pas et qui a tendance à masquer la réalité de cette question qui est : 9 fois sur 10, cela se passe avec un proche. Ce qui veut dire que ça se passe autour de nous, dans notre quotidien, sous nos yeux et que nos yeux ne sont pas habitués à le voir, qu'ils refusent de le voir d'une certaine manière parce que malgré le fait qu'on en parle dans la presse quand il y a une grosse affaire, c'est comme si c'était encore un sujet totalement tabou. Une personne sur dix dans un pays comme la France ! Et le silence continue de prévaloir dans la majorité des cas. La parole doit être libérée sur ces questions. Evidemment, un roman n'est qu'un roman, mais c'est une manière d'exprimer cette idée. Nous vivons prétendument à l'heure de l'information instantanée, du village global, des nouvelles technologies, du temps réel, etc. et pourtant, l'opacité est maîtresse sur tout nun tas de sujets comme cela que notre société rejette, refoule ou cache dans les coins : enfance martyrisée, inceste, violences conjugales, suicide des enfants, etc. Notre technologie est ultra sophistiquée mais nos systèmes de représentations sont archaïques sur ces questions-là.

Raven a écrit :
Comment es-tu venu à l’écriture ?

La colère et le désir. Il faut des deux.

Je te remercie pour ces questions qui me permettent de creuser. J'espère avoir répondu le plus clairement possible.
Marin


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Message Publié : 19/06/2008 12:52 
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Bonjour Marin,
A la lecture de tes romans et de ton blog, un fait saute aux yeux : ton action est sociale.
Si ma vue est juste, questions :
Pourquoi avoir choisi le mode du thriller pour cette entreprise? Une autre forme écrite aurait-elle pu te convenir? En quoi le thriller t'intéresse-t-il? ...???...


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Message Publié : 19/06/2008 13:45 
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Merci Javier pour cette (ces) question(s) que je me pose moi-même depuis le début et à laquelle il n'est pas aisé de répondre.

Javier a écrit :
Pourquoi avoir choisi le mode du thriller pour cette entreprise? Une autre forme écrite aurait-elle pu te convenir?


Au moment où j'attaque sérieusement l'écriture de Marketing Viral, initialement intitulé Les fossoyeurs de l'imaginaire, au printemps 2005, je ne connais rien ou très peu (très mal) au thriller en général, et au roman noir en particulier. L'autre forme déjà expérimentée, c'est l'essai. Exercice contraignant, champ scientifique contraignant, désir inexistant de faire des approximations ou de la provocation pour être lu, je sais déjà que ce n'est pas ma tasse de thé. A la rigueur des essais courts, de type articles ou communications, mais je crois que fondamentalement, je n'aime pas me plier aux règles de cet exercice qui demande beaucoup plus de révérences que de références, comme le disait Yves De La Haye. Bien sûr, il y a le plaisir des mots, mais les lecteurs de ce type de littérature y sont peu sensibles. Je ne développe pas, il y aurait beaucoup à dire sur la fascination que les (jolis) mots exercent sur le champ scientifique. Reste la fiction comme support inévitable du réel. On pourrait même dire que la fiction intervient au moment même où le réel n'existe plus. Je suis un grand amateur de science fiction depuis l'adolescence et même l'enfance. La fiction (et à fortiori la SF) est un des meilleurs moyens à mon sens de prendre le relai d'une réalité (concrète ou fantasmée) devenu caduque. Mes romans sont sociaux dans ce sens. Quand une époque et une civilisation sont dans l'impasse, la littérature et en particulier la fiction interviennent comme force de propositions ou exploration des possibles. Pas parce que la fiction est visionnaire (le côté théorie du complot est ce que je déteste le plus dans la SF), mais parce qu'elle est extraordinairement lucide. Lucide parce que tout est possible, lucide parce que tout est permis, lucide parce qu'il n'y a a priori pas de limites à l'imaginaire humain. Or la SF présente à mon avis deux limites profonde. L'une est personnelle : il faut un talent d'écrivain et une force que je ne pense pas (encore) posséder (peut-être mon jeune âge). L'autre est théorique : les théories cybernétiques (mathématique, informatique) et systémiques voilent les propositions de nombreux écrivains de SF. Or la cybernétique est une impasse (je ne développe pas, il y aurait là aussi beaucoup à dire). Du coup, que me reste-t-il ? Je me suis tourné vers mes lectures (Foucault, Althusser, Deleuze, Castoriadis, Sade, Stendhal, Caldwell, Condorcet, Greene, Dan Simmons, Dick, etc.) et me suis aperçu que leur point commun était ce mélange de lucidité qui me plait dans la SF et de critique sociale noire que l'on retrouve dans le roman noir et dans certains thrillers. La suite est venue en écrivant : je me suis saisi de tous ces outils et j'ai commencé à en faire mon beurre.

Javier a écrit :
En quoi le thriller t'intéresse-t-il? ...???...


Suite à cela, le thriller noir est venu spontanément. On peut être dur avec le monde, le maltraiter, sans que cela soit nécessairement perçu comme de la violence gratuite. Le monde social est dur et le thriller permet aussi de faire fi des bons sentiments qui parasitent parfois son analyse et son dépassement. Le thriller est finalement un bon outil de travail, même s'il est probable que je m'oriente progressivement vers du "noir" pur, en apprenant progressivement à délaisser le côté "spectacle" du thriller pour son aspect "suspense" ou plus précisément "tension" narrative.

Voilà, j'espère que je réponds en partie à ta question.


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Message Publié : 19/06/2008 18:06 
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Né en 1975 en Ardèche, ingénieur de recherches en sciences humaines et sociales sur l’industrialisation des rapports sociaux, le contrôle social et les technologies de l’information et de la communication, Marin Ledun vit à Grenoble.

Citoyen engagé dans le mouvement social radical, déjà auteur de nombreux articles et ouvrages de recherche, marathonien, peintre et guitariste


Je suppose donc que votre métier vous permets d'avoir une vision très pointue sur les thèmes que vous avez abordés dans vos deux livres !
Continuez vous toujours vos travaux de recherche ? est-ce donc encore votre activité principale ? et pensez vous que c'est elle qui vous a poussée à l'écriture ?
En fait je vous pose un peu la mm question que celle que vous avez posée à Sharko alias franck Thilliez concernant le lien entre votre activités et votre écriture.

Merci vous lire est interessant et vos réponses sont très bien construites celà à mon avis est bien en lien avec vos deux activités !

Je n'ai pas lu encore Modus Opérandi mais il est là dans ma PAL des livres qui m'ont été conseillé ici !


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Message Publié : 19/06/2008 18:58 
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Localisation : Landes
Bonjour Didili,

Didili a écrit :
Je suppose donc que votre métier vous permets d'avoir une vision très pointue sur les thèmes que vous avez abordés dans vos deux livres ! Continuez vous toujours vos travaux de recherche ? est-ce donc encore votre activité principale ?


A dire vrai, je vais vous donner le même début de réponse que F.T. : j'ai démissionné il y a un an, peu après la sortie de Modus Operandi, pour des raisons personnelles avant tout, et aussi par choix plus raisonné, avoir plus de temps pour écrire, pour les miens, et pour tout un tas de choses qu'on a la fâcheuse manie de laisser de côté trop longtemps sans s'en occuper. Et quand je dis raisonné, ça ne veut pas forcément dire raisonnable. Je ne suis donc plus chercheur au sens instutionnel et professionnel du terme, ce qui ne m'empêche pas, fort de cette "liberté" chèrement et durement conquise, de continuer à faire ce que je sais faire, mais dans des domaines qui m'intéressent plus (contrôle social, souffrance au travail et logiques marketing). Autrement dit, mon activité principale est devenue l'écriture depuis peu (vulgairement, on dit chômeur, mais certains disent aussi écrivain...). J'ai enfin le temps nécessaire pour "travailler", au vrai sens du terme, c'est-à-dire faire marcher cet imaginaire créateur radical qui sommeille en chacun de nous et qui ne demande qu'à s'exprimer. Comme le dis Castoriadis, se reposer ou être libre, il faut choisir. Je crois que je n'ai jamais autant bossé de toute ma vie et j'avoue que j'aime ça.

Didili a écrit :
et pensez vous que c'est elle qui vous a poussée à l'écriture ?

Doublement. D'une part par ce qu'elle m'a appris et par les imaginaires des personnes que j'ai pu rencontrer grâce à (ou à cause de) elle. D'autre part, parce qu'en démissionnant, je me suis en partie libéré de sa tyrannie et de ses exigences schyzophréniques. Doublement, mais pas seulement. L'envie d'écrire et d'agir à travers l'écriture (si tant est qu'agir à travers l'écriture soit possible... c'est sans doute plus une envie qu'une réalité) a toujours été là, disons depuis l'âge où chaque individu commence à se poser des questions du genre : qu'est-ce que je fois là ? qui a mis un désordre pareil ? pourquoi 5% de la population mondiale détient-elle 80% des richesses ? pourquoi dois-je aller faire la queue au supermarché ? pourquoi dois-je baisser les yeux quand mon professeur me parle ? pourquoi suis-je amoureux et/ou malheureux ? pourquoi, pourquoi, pourquoi, parce que, parce que, parce que... Vous imaginez que la liste est longue. Pour le dire autrement, je me suis réellement mis à écrire le jour où j'ai compris que toutes les questions n'appelaient pas forcément une réponse. Ou plutôt que dès qu'il n'y avait plus de réponse, on entrait dans le domaine de la croyance et de l'illusion. Et qu'est-ce qu'une fiction romanesque, sinon, comme le dirait un ami, les confessions d'un illusionniste ?

Je vous remercie pour vos questions,
A bientôt,
Marin


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Message Publié : 22/06/2008 10:27 
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Merci Marin pour toutes ces réponses détaillées.
Citer :
Quand une époque et une civilisation sont dans l'impasse, la littérature et en particulier la fiction interviennent comme force de propositions ou exploration des possibles. Pas parce que la fiction est visionnaire (le côté théorie du complot est ce que je déteste le plus dans la SF), mais parce qu'elle est extraordinairement lucide. Lucide parce que tout est possible, lucide parce que tout est permis, lucide parce qu'il n'y a a priori pas de limites à l'imaginaire humain.


Dans la lignée de tes propos, on peut dire que la fiction est l'arme absolue à la différence de l'essai qui doit se cantonner à une démarche rationnelle et/ou scientifique et qui ne peut se permettre de faire exploser les canons de la pensée facilement.
C'est la grande liberté.

La littérature permet de faire passer des messages de manière peut-être plus subtile.
Ecrire pour toi semble plus être une démarche sociale,philosophique, politique, entre autres, qu'un désir de raconter une histoire. Oui?

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Message Publié : 22/06/2008 14:49 
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Localisation : Landes
Javier a écrit :
Ecrire pour toi semble plus être une démarche sociale,philosophique, politique, entre autres, qu'un désir de raconter une histoire. Oui?


Pour être franc, je ne crois pas. Pas totalement. Il y a les envies, les idéaux, les besoins, les désirs, la colère aussi, mais il existe aussi un profond plaisir à raconter une histoire, peut-être pas clair au début de l'écriture, mais qui vient au fur et à mesure pour ne plus repartir. Bâtir un scénario, d'abord, lui donner une cohérence avec la trame de fond, puis réaliser peu à peu que le récit fictionnel a toute sa place, toute sa force et que sans lui, la trame de fond perd de sa pertinence. Nous avons reçu des histoires en héritage, tous et toutes autant que nous sommes, et ces histoires forment une toile, ou plutôt un labyrinthe complexe dont les romans sont, entre autres, les carrefours.


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Message Publié : 22/06/2008 22:54 
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Bonne nouvelle, nous aurons encore beaucoup d'histoires.
Merci de corriger cette fausse idée que je me faisais
Je viens de retrouver la partie de l'interview qui m'avait fait penser à ça :

http://www.polarnoir.fr/auteur.php?auteur=l19

Polarnoir : Marin Ledun, bonjour. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussé, comme ça, un jour, à vous lancer dans l'aventure de l'écriture ?

Marin Ledun : L'envie m’a pris au printemps 2005, peu avant la sortie de mon livre à "caractère" scientifique, un pavé de plus de cinq cents pages à peu près aussi digeste que ma thèse de doctorat dont il est tiré.
Je venais de passer cinq ans de ma vie à lire, réfléchir, analyser, décortiquer, rationaliser, formuler des hypothèses puis les interroger à grands coups d’enquêtes de terrain pour accoucher de ce texte. Un copain, pas particulièrement porté sur les phrases alambiquées et des démonstrations en trois parties, me fit remarquer, alors que je lui proposais de le lire, qu’il n’en ferait rien, pour la simple et bonne raison qu’il n’était lui-même ni scientifique, ni masochiste. Il avait marqué un point. L’exercice de la théorisation me paraît toujours nécessaire pour comprendre le monde dans lequel je vis, mais il est aussi extrêmement élitiste, c’est un fait. Le lendemain, je commençais mon premier roman, un thriller intitulé Marketing Viral ...

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Message Publié : 23/06/2008 09:53 
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Javier, ce n'est pas une fausse idée. Je pense que tu as vu juste, mais il y a vraiment des deux, je crois. Le plaisir de l'écriture, l'envie de raconter des histoire d'un côté, et de l'autre, l'idée que ce travail d'écriture a un sens. Dit autrement : des envies plus personnelles d'un côté, le désir de donner une dimension collective à ce que je fais, de l'autre. On écrit avant tout pour soi, il ne faut pas se leurrer, mais dès que le mot "fin" est posé, et ce que je vais dire est d'une banalité affligeante tant c'est évident, le bouquin entre dans le social. A partir de là, la discussion peut avoir lieu.


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Message Publié : 24/06/2008 03:51 
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Citer :
On écrit avant tout pour soi, il ne faut pas se leurrer



Paule Constant disait (de mémoire)lors d'une table ronde l'écrivain écrit pour connaître ses secrets. Qu'en penses-tu?

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Message Publié : 24/06/2008 09:22 
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Inscription : 13/09/2007 17:51
Message(s) : 37
Localisation : Landes
Je suis entièrement d'accord. Encore que ce processus soit plus ou moins actif selon les auteurs. Chez Ellroy ou Peace, c'est absolument pathologique. Pour d'autres, c'est moins transparent, et le marketing éditoriale contribue aussi à en gommer les traces.


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Message Publié : 28/06/2008 06:59 
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Inscription : 07/05/2007 17:58
Message(s) : 5734
Localisation : Worldcity (14) près de Caen
Bonjour Marin, vous parlez d'Ellroy :love2: et Peace. Alors êtes-vous lecteur et quels sont vos auteurs et livres préférés ? Quelle et votre lecture du moment ?

_________________
Je ne sais jamais si je vais aller jusqu'au bout d'un livre, mais j'y plonge à chaque fois sans a priori, seulement guidé par la nécessité de rêver.
JL Bizien
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Message Publié : 30/06/2008 15:03 
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Inscription : 13/09/2007 17:51
Message(s) : 37
Localisation : Landes
Belgarpatounet a écrit :
Bonjour Marin, vous parlez d'Ellroy et Peace. Alors êtes-vous lecteur et quels sont vos auteurs et livres préférés ? Quelle et votre lecture du moment ?


Bonjour,

Réponse a priori banale de ma part, mais avant d'être romancier, je suis lecteur. Mes gouts sont assez eclectiques, et vont de la philo/psychanalyse/histoire (Foucault, Althusser, Canguilhem, Elias, Adorno, Lévi-Strauss pour ne citer que les plus connus), aux "classiques" français ou non (Stendhal, Zola, Caldwell - Le petit arpent du bon dieu -, Irving Washington, Murakami et Sade pour mes préférés), en passant par le noir (Peace, Ellroy, Cook - l'anglais -, Manchette, Hammett) et surtout la SF (Orson Scott Card et son cycle d'Ender, un pur bijou !!!, Dan Simmons et son échiquer du Mal ou son Hypérion, Ayerdhal, Bordage, pour ne citer qu'eux). Je n'ose pas trop développer ma réponse de peur d'être trop long.

Et qu'est-ce que je lis en ce moment ? J'ai souvent plusieurs livres en cours, et là, je vois Le Purgatoire de Dante (Divine Comédie), Le Paradis Perdu de John Milton, Blues Bar de Ace Atkins et Instinct de J. Camus et N. Hug. Et bien sûr, mon livre de chevet depuis quatre ans, les Lettres à Franca de Louis Althusser.

J'espère répondre à tes questions,
Amicalement,
M.L.


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