Bon, j'essuie les plâtres... tu l'as voulu mon gars, assume... ben, me regardez po comme cho tizott'...
Primo: ma culture du polar est, avant l'entreprise de
Malo Terminus, extrêmement minimaliste; j'ai, comme beaucoup, avalé l'intégrale San-A, version originale (Frédéric), entre l'adolescence et le jeune âge adulte, plus pour la poilade d'héritage rabelaisien que pour le caractère palpitant des intrigues; j'ai essayé aussi de comprendre, en de vaines tentatives lectrices vite avortées, la présence d'Oss et autres SAS (SOS!) dans les bibliothèques paternelle et grand-paternelle (cela reste une énigme que "ça" puisse être lu et décliné... si quelqu'un veut bien éclairer ma lanterne, je suis preneur!); enfin, les tendances lectrices de mon épouse (d'abord l'intégrale Agatha Christie à la maison, puis les Grangé, Vargas, Cobben, Nicci French, Lyons, MacDonald, Corbin, Robinson... putain d'avalanche au milieu de mes Sénèque, Virgile, Saint-Augustin, Montaigne, Kant, Sartre, Michaux... vous saisissez l'ampleur du choc culturel de nos biblis!!:biblio::mort:) m'ont conduit à une jalousie très déplacée pour ceux qui arrivaient à capter l'attention (ce, pendant des vacances entières!) de celle que j'aimais, sans que j'arrive, sauf en de très rares exceptions (
La ligne noire de JC Grangé par exemple), trop bien à comprendre pourquoi... le dernier nommé tenant le pompon avec sa belle gueule en quatrième de couverture me narguant, au lit, dans les mains de ma femme!!!
En revanche, je suis un aficionado du polar au cinéma; je trouve que l'efficacité/densité de la narration cinématographique colle à la perfection aux exigences de ce genre moderne, nerveux et rapide... Et puis là au moins, on peut regarder à deux en même temps et partager sans qu'il y en ait un sur la touche du plaisir de l'autre!
Secundo: Pourquoi alors m'être dirigé vers le polar?
2-a: Honnêtement, au départ, par défi amoureux absurde (oh, le petit coq!): "Mais p..., chérie, qu'est-ce que tu lui trouves de si extraordinaire, dans l'écriture, à ce Grangé, pour rester scotchée des heures sans daigner m'adresser un mot, un regard?! Tu vas voir, n'importe qui -!- (-sic- donc moi!) peut écrire un polar..."
Waouf! Ma femme est joueuse! et là, elle lève enfin les yeux de son bouquin "aux couleurs pourpres" (sourire de défi):
"-Ben, fais m'en un!" (gros malin...)
Et là, il est trop tard... soit tu assures, soit tu deviens totalement insignifiant! Pendant les huit années de gestation(ben oui, j'ai un boulot, une famille et plein d'autres activités!), j'aurai essuyé les vannes à répétition de ma tendre taquine ("tiens j'ai acheté le dernier X, en attendant de lire le tien!") et de mes adorables gnards devenus porte-flingues maternels à l'adolescence ("au fait Papa, ya des chances que l'on te lise de ton vivant?..." etc, etc!)
2-b
THE JUSTIFICATION: MERCI BUTOR (Michel!)
Et fiat lux (méga oxymore!)... Un programme de prépa avec
l'Emploi du temps, dudit Michel Butor, à faire passer à de futurs ingénieurs peu lecteurs, tel a été mon électro choc: le héros, J.REVEL, romancier en devenir, symbole de l'homme perdu dans une mégalopole moderne labyrinthique (Bleston), réveille les plus vieilles énigmes(Caïn, premier meurtrier et fondateur de ville) de notre humanité, via la mise en abyme d'un roman policier qu'il lit... tout (i.e notre univers, notre vie) ne peut trouver sons sens que dans une "enquête", par définition rétro-active, et servant à ordonner notre représentation du monde et lui donner enfin un sens... le roman policier serait donc la forme moderne et urbaine (aïe, aïe, ma Nicole et son ancrage bucolique!
) de résistance à notre anéantissement: architecturer des villes et réachitecturer nos vies en énigmes résolues, ce serait la même chose, l'effort de structuration de notre esprit en quête de Sens...et en même temps,( faut-il que nous soyons compliqués!), nous bâtissons des labyrinthes, pour nous mettre à l'épreuve du prétendument "impossible", et, tels des gosses, nous nous enorgueillissons d'en sortir...
Tout roman moderne, déclare Butor, se doit, en quelque sorte d'être policier... pour pouvoir créer du sens!
Bon, cho vo les gars???
J'en vois qui ne suivent po au fond...
Tertio et in fine (fin du truc quoi!) Ben si, je sais m'arrêter!
Pour ceux qui ont eu le courage de me suivre jusqu'ici, la conclusion est évidente: toute écriture est donc quête de sens, et les "topoï" (clichés/stéréotypes sans spécifique connotation négative) de l'écriture d'enquête moderne se sont définis dans le milieu urbain, la noirceur criminelle (comme énigme), les lumières de l'enquête (rationnelles voire rationalistes, mais aussi mystiques) et la mise en danger de l'acteur-enquêteur (superposant les figures symétriques et similaires de l'humanité en quête de sens: l'écrivain et son lecteur, pour survivre, doivent résoudre, de conserve, l'enquête-l'énigme de leur vie! Vous avez pigé pourquoi le lecteur de roman policier aime devancer l'enquêteur trop lent "k'estdinl'bouquin", et supputer... -ben non, c'est po cochon...ça se fait même souvent!- . Il y va carrément du sens même de sa vie! j'ai deviné avant lui euh, nananère euh!).
J'ai donc dit banco: pas besoin de flingues, d'univers de gangsters, de gendarmes et de voleurs... la vie, la plus simple, peut être objet d'enquête... le polar est alors une voie métaphorique et caricaturale pour amener le lecteur à ce sentiment d'être convié à l'essentiel.
JE ME SUIS DONC SERVI D'UN "GENRE" POUR TENTER DE PARTAGER QQ CHOSE DE PLUS ESSENTIEL. J'AI DONC DECIDE DE JOUER AVEC DES STEREOTYPES DE l'UNIVERS POLICIER POUR RACONTER AUTRE CHOSE ...
A priori, ma Nicole, je risque de prendre une déculottée bien plus cinglante que toi sur PolartNoir... s'ils m'accordent ne serait-ce qu'une seule ligne... ce dont je doute!
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