Un avant-goût de Lovecraft (le narrateur, Carter, se trouve dans un cimetière, abandonné, son ami Warren est descendu dans une tombe ancienne après en avoir déplacé la dalle. Ils sont reliés par un téléphone).
Extrait :
Warren qui un instant plus tôt m'avait si calmement quitté, appelait à présent du fond de son abîme dans un murmure plus sinistre que le plus perçant des cris :
- Dieu ! Si vous pouviez voir ce que je suis en train de voir !
Je ne pus répondre. Privé de voix, je ne pus qu'attendre. Puis vinrent à nouveau des mots affolés :
- Carter, c'est terrible, monstrueux, incroyable !
La voix, soudain, ne me manqua plus et je déversai dans le microphone des flots de questions fiévreuses, répétant continuellement dans ma terreur :
- Warren, qu'est-ce ? Qu'est-ce ?
Rauque de peur et teintée de désespoir, la voix de mon ami monta de nouveau :
- Je ne peux vous raconter cela, Carter ! Cela dépasse la pensée, je n'ai pas le courage de vous raconter. Nul homme ne peut connaître cela et vivre. Grand dieu, je n'avais pas rêvé cela !
Silence à nouveau, excepté de mon côté d'où venait un impétueux torrent de questions frémissantes puis la voix de Warren empreinte au plus haut point d'une consternation stupéfiante :
- Carter, pour l'amour de Dieu, replacez la dalle et sauvez-vous si vous le pouvez ! Vite ! Laissez tout tomber, ne vous occupez que de vous en sortir. C'est votre seule chance !
(...)
Un petit cliquetis s'éleva dans l'appareil, puis, après un silence, un pitoyable cri de Warrren :
- Barrez-vous ! Pour l'amour de Dieu, replacez la dalle et barrez-vous, Carter !
_________________ Nul n'y parvient qui n'a combattu dans les règles
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