"Bientôt le pré s'est illuminé çà et là de brefs éclairs, à la fois vifs et doux, qui répandaient une phosphorescence couleur citron. Les lucioles étaient arrivées, comme l'avait prédit mon père, et je les ai contemplées bouche bée, émerveillée, les lèvres sèches et les mains qui glissaient avec impatience sur le devant de ma robe. [...] Moi c'est Jeliza-Rose», j'ai dit, assise en tailleur, en faisant de petits bonds sur place. "

Jeliza-Rose a quitté Los Angeles pour une ferme décrépie du fin fond du Texas en compagnie de son père, un ex-rockeur héroïnomane. Livrée à elle-même, la fillette explore les alentours. De rencontres singulières en inquiétantes découvertes, elle plonge dans un monde où les trains deviennent des requins, où les écureuils se prennent pour Spiderman et où des Hommes des Marais prennent vie à la nuit tombée...
Mélange d'Alice au pays des merveilles et de Psychose, ce roman happe le lecteur, guidé dans un univers psychédélique par Jeliza-Rose. L'écriture lumineuse de Mitch Cullin donne magistralement vie à cette peinture désenchantée de l'Amérique, où le plus beau des cauchemars est aussi le pire des rêves. (4e de couverture)

Jeliza-Rose a 11 ans. A l'age où les petites filles vont à l'école et jouent avec leurs petites copines, elle vit entre 2 parents drogués jusqu'à l'os. Ses journées sont rythmées par la préparation des seringues d'héroine journalières, le massage des jambes de sa mère (en évitant si possible ses coups de pied) et son éducation devant la chaine éducative à la télé. Et ses copines sont 4 têtes de poupées Barbie auxquelles elle parle pendant des heures .
Qaund sa mère meurt d'une overdose, son père, ex-rocker de 67 ans, s'enfuit avec Jeliza-Rose vers une ferme délabrée du Texas ayant appartenu à sa grand-mère decédée .

Enfin, pour Jeliza-Rose, c'est le Jutland, le Danemark, le pays de ses reves, le monde d'Alice, un endroit où les lucioles sont ses amies, où le train est un requin-tueur, ou les écureils parlent , où une vieille tente est un sous-marin....
Car Jeliza-Rose a une imagination débortante, et pour echapper à son quotidien désolant, s'invente un monde de reves mais aussi de cauchemards.
Et tandis que le cadavre de son père, mort lui aussi d'une overdose la nuit de leur arrivée, mais "en vacances dans sa tete", selon Jeliza, pourrit lentement dans le salon de la ferme, la petite fille est prise en charge par son inquiétante voisine Dell ("une sorcière qui suce le sang du livreur de l'épicerie par son truc de garcon") et son frère attardé Dickens ("capitaine du sous-marin La Lisa", et grand amour de Jeliza).

Raconté par Jeliza-Rose, ce roman est à la fois plein d'innocence et de l'imagination merveilleuse d'une enfant, mais cette lecture met aussi profondément mal à l'aise par moments. Jeliza n'a pas une enfance ordinaire, et l'histoire revêt parfois un coté macabre, déplaisant. Son amour pour Dickens par exemple, leurs baisers qui pourraient passer pour le la pédophilie, si ils n'avaient lieu entre un garcon attardé et une petite fille innocente.

Mais Tideland reste un roman plein de poésie et de tendresse, avec donc, un coté déjanté, macabre qui en fait une lecture unique et merveilleuse .

Quant au film, adapté par Terry Gilliam, il reprend exactement le livre (sauf la narration à la première personne) et pour ma part je l'ai trouvé vraiment très beau... et malsain aussi. C'est spécial quoi

Je n'ai pas lu le livre mais j'ai vu le film et c'est vrai qu'il est à la fois très beau et très dérangeant, moi aussi j'y ai vu des rapports de pédophilie dans les relations entre Jeliza et Dickens et cela m'a un peu dérangé...
Ce film (et donc le livre) est un OVNI !

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"Notre vie est un livre qui s'écrit tout seul. Nous sommes des personnages de roman qui ne comprennent pas toujours bien ce que veut l'auteur" Julien Green

C'est clair que ca met mal à l'aise quand on le voit avec "nos" yeux, mais bizarrement dans leur tete à eux c'est vachement pur en fait .

Voilà en fait pour répondre à Wahl, Tideland c'est strange, mais moi j'ai adoré ... (ptetre parce que quand j'était petite j'avais une sorte de monde imaginaire aussi)