Je viens parler d'un de mes livres préférés, un chef d'oeuvre de la littérature du XXè siècle (et même de la littérature tout court à mon humble avis) :
L’Écume des jours : ce titre léger et lumineux annonce une histoire d'amour drôle ou grin-çante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, merveilleux et fantastique, féerique et déchirant. Dans cette oeuvre d'une modernité insolente, l'une des plus célèbres du XXe siècle et livre-culte depuis plus de trente ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir. Mais seules deux choses demeurent éter-nelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains. (source : le livre de poche)
L'Ecume des jours, c'est avant tout une histoire d'amour, sommes toutes assez banale. Mais l'Ecume des jours, c'est bien plus que ça. C'est la plongée dans un univers poétique, irréel et absude, l'univers de Boris Vian.
L'Ecume des jours, c'est l'histoire de Colin, jeune homme passionné de jazz, qui rencontre Chloé parce qu'il avait décidé de tomber amoureux, après avoir vu son ami Chick en couple avec Alise.
A la lecture, on remarque que si les hommes (Colin, Chick et Nicolas, le cuisinier de Colin) ont des professions ou des passions qui permettent de les différencier, les filles (Chloé, Alise et Isis) sont elles parfaitement interchangeables. La beauté de l'histoire d'amour relève donc plus du symbolisme (un jeune homme, une jeune femme, ils s'aiment, ils ont tout pour être heureux, mais la vie en décidera autrement) que de la personnalité des protagonistes.
Ce symbolisme est renforcé par l'écriture de Vian, ses trouvailles métaphoriques et sémantiques. Ainsi Les personnages se servent de "portes cuir en feuilles de Russie", les amoureux se promènent réellement sur un nuage, les fanatiques de "Jean Sol Partre" s'échangent des exemplaires de vomis (hommage de Vian à son ami Jean Paul Sartre et à son livre "La Nausée"), les maladies de poitrine telle la tuberculose prennent la forme d'un nénuphar qui s'étend chaque jour un peu plus dans les poumons, l'environnement de Colin se rétrécit et se détériore quand les choses tournent mal...
Vian en profite ausi pour dénoncer certains points, tel le pouvoir de l'argent (les cérémonies religieuses sont somptueuses pour qui a de l'argent, mais les hommes d'Eglise sont méprisants et insultant envers qui n'en a pas), le poids des classes sociales (ici, mieux vaut être domestique qu'ingénieur...), le commerce de la guerre (quand Colin se retrouve à "couver" des armes),...
Pour moi l'Ecume des jours fait partie de ces livres qu'il faut avoir lus dans sa vie, et si cela vous plait, n'hésitez pas à poursuivre avec les autres oeuvres de ce grand homme aux multiples talents qu'était Boris Vian...
Je finirai par l'une des citations les plus connues de l'Ecume des jours : "Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir parce que la lumière me gêne."