Prix Renaudot et Goncourt des lycéens 2000

Début du livre:

"Je décide le titre définitif et complet de mon blablabla est Allah n'est
pas obligé d'être juste dans toutes ses choses ici-bas. Voilà. Je commence
à conter mes salades.

Et d'abord... et un... M'appelle Birahima. Suis p'tit nègre. Pas
parce que suis black et gosse. Non! Mais suis p'tit nègre parce
que je parle mal le français. C'é comme ça. Même si on est
grand, même vieux, même arabe, chinois, blanc, russe, même
américain; si on parle mal le français, on dit on parle p'tit nègre,
on est p'tit nègre quand même. Ça, c'est la loi du français de
tous les jours qui veut ça."

Mon avis :

Le narrateur, Birahima, est un jeune garçon ivoirien d'une dizaine d'années appartenant à la tribu Malinké.
Se retrouvant orphelin, il doit partir à la recherche de sa tante et traverse ainsi 2 pays en proie aux guerres tribales, la Sierra-Leonne et le Libéria.

Quand on a 10 ans "dans un pays foutu barbare où tout le monde s'égorge" , pour survivre on devient un enfant-soldat ou "small-soldier".
sa kalash en bandoulière, "c'est facile, on appuie et ça fait tralala" , Birahima peut manger à sa faim, posséder des "dollars américains", même s'il faut fumer du "Hash" pour chasser la peur et combattre comme un vrai mercenaire.
Avec son compagnon de route Yacouba "le féticheur, grigriman, multiplicateur de billets" , Birahima passe de factions en factions, et nous décrit la barbarie dans laquelle il évolue de la même façon dont on aborderait des banalités du quotidien... parce que justement, lui, il s'agit de son quotidien.

Un roman que j'ai apprécié aussi car il tente de nous expliquer les différents conflits inter-ethniques d'Afrique occidentale, avec ses chefs de guerre (Colonel Papa Le Bon, Taylor, Prince Jonhson...) et leurs "méthodes" pour accéder au fauteuil de dictateur: les manches longues ou courtes ( électeurs dont on coupe les bras au niveau des coudes ou des poignets pour les empêcher de voter) ; extraction de coeurs, frits puis mangés pour hériter de la force de l'ennemi...
Des guerres civiles qui intéressent bien moins l'occident que d'autres conflits comme au proche orient...peu de place dans nos médias pour ça...on a vaguement entendu parler d'un génocide au Rwanda il y a quelques temps mais bon ... les africains qui se tuent entre eux c'est leur problème .

Voilà donc le regard lucide d'un small-soldier parmi tant d'autres sur les injustices qui l'entourent, mais qu'il nous livre avec un ton assez résigné... parce qu'Allah n'est pas obligé... (d'être juste dans tout ce qu'il fait ici-bas).

oui un roman interessant avec le regard d'un enfant sur les barbaries et les jeux de pouvoirs des adultes.

Résigné comme tu le dis, fataliste et aussi comment un enfant peux s'y retrouver dans toute cette violence quand le jouet deviens une kalashnikof.... effrayant ...

merci pour cet avis si efficcacement construit

et bienvenue Lumbricus-terrestris !

merci (bis) Didili ^

Le roman "Quand on refuse on dit non" paru après la mort de Kourouma est je crois une suite de celui-ci. Je ne l'ai pas lu, peut-être certains d'entre vous l'ont-ils fait ?

Merci Lumby pour cette présentation, il va falloir un jour que je tente.

Je viens de finir cet excellent témoignage .
C'est bouleversant , pas facile à lire malgré tout et le style est trés particulier et c'est pas forcement trés agréable mais ca donne une crédibilité incroyable à l'histoire , ca nous rapproche du narrateur .
Bref c'est à tenter