Ce texte n'est pas de moi mais mérite le détour car son anonyme auteur a tout compris de Jack Vance :
Jack Vance est un excellent conteur qui place souvent ses personnages dans des situations d’où ils doivent se tirer par de multiples moyens, l’un d’entre eux étant souvent l’insolence astucieuse. Il y a du burlesque chez les personnages de Vance.
Le talent de Vance s’exprime par la création de cultures très crédibles. Il en décrit les mœurs et s’attache particulièrement aux vêtements, aux couleurs et... aux traditions culinaires et gastronomiques . L’utilisation fréquente des mises en abyme et des notes de bas de pages donnent de la substance à ses univers imaginaires.
Les technologies futuristes (ou la magie) sont, dans l'œuvre de Vance, au service du récit. L’auteur ne cherche pas à les mettre en avant ou à épouser les développements technologiques les plus récents de notre époque. Ces avancées futuristes côtoient des éléments très archaïques : ainsi le vaisseau spatial et la traction animale ont droit de cité dans une même œuvre.
Il décrit fréquemment des sociétés très codifiées, au formalisme rigide, où les valeurs s’inversent radicalement à l’occasion de célébrations exceptionnelles. On y retrouve l’ambiance du carnaval : le port du masque permet de gommer les différences sociales et de se livrer à tous les excès. Pour autant, l’auteur ne perd jamais de vue les destins individuels des personnages secondaires tiraillés entre leurs aspirations personnelles et les contraintes de la société dans laquelle ils vivent.
L'Aventure et l'Aventurier sont aussi des thèmes récurrents de l'œuvre vancienne. Le voyage, qu'il soit entrepris dans un but initiatique, commercial, touristique ou professionnel ou subi du fait de l'esclavage, de la fuite ou de la quête, est prétexte à de savoureuses confrontations à l'Autre. Le faux-pas culturel, l'incident diplomatique, le marchandage et la duperie ont souvent des conséquences que Vance semble prendre un malin plaisir à décrire. On retrouve fréquemment l'archétype du guide touristique qui tente d'exploiter au mieux la naïveté de son client ou du marchand qui demande un prix exorbitant pour ses biens. Le contrat, qu'il soit social ou commercial, est au centre de l'œuvre de Vance. Certains personnages ne s'y tiennent qu'un moment pour le trahir ou le détourner (cf. le jeu du hadaul) ou sont d'une honneteté scrupuleuse (Jehan Addels, l'homme de confiance de Gersen dans la geste des Princes Démons).
En fin de compte, le héros vancien est souvent un personnage masculin sombre et distant qui a conscience de ne pas être à sa place dans son environnement (le cycle de Tschaï, le visage du démon, Emphyrio, la vie éternelle, les chroniques de Durdane, Marune, Wyst). Cette perception du monde lui permet d’adopter un regard distant et ironique sur son entourage. S’il triomphe toujours de ses épreuves, il en sort changé et parfois désabusé.
_________________ Nul n'y parvient qui n'a combattu dans les règles
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