Je profite de la réédition de cet excellent roman (qui ne date pas d'hier, ni meme d'avant hier) pour vous inciter a le lire! ne le manquez pas. C'est en Folio Sf , ca coute 6 euros. Aucune excuse!
Lorsque son père est assassiné, Béran Panasper, neuf ans, devient le panarque légitime de la planète Pao. Mais Bustamonte l'évince et tente de le tuer. Le garçon ne doit son salut qu'à l'aide de Palafox, seigneur de la planète Frakha. Les motivations de ce dernier ne sont pas désintéressées, mais Béran n'a pas d'autre choix que de suivre l'éducation dispensée sur la planète de son sauveur. Pendant ce temps, Pao, planète pacifiste, se laisse envahir par un peuple belliqueux, les Brumbos. Seule solution : remodeler les langages de Pao afin de donner à la population paonaise l'élan guerrier nécessaire à sa survie. Les langages de Pao est un roman aussi divertissant qu'intelligent. Une preuve supplémentaire du talent incomparable de Jack Vance, un des plus grands maîtres de la science-fiction.
Une critique du cafard cosmique pour finir de vous convaincre:
Citer :
Il est intéressant de voir combien la réédition d’un texte âgé de cinquante ans peut parfois faire souffler comme un vent de fraîcheur... De quoi fixer les niveaux en rappelant à certains où on en était déjà à l’époque...
Un langage donné ne se différencie pas d’un autre uniquement par un vocable, des prononciations et des accents différents. On pense dans sa langue maternelle, c’est par elle qu’on organise ses idées... Chaque langage possède une structure, une mise en place différente, qui induit certaines façons de penser, certaines façons de voir les choses chez ses utilisateurs... et qu’on peut relier - sans savoir lequel a engendré l’autre, question insoluble de la poule et de l’œuf - à un ensemble cohérent de comportements au niveau d’une population.
Pour prendre un exemple à l’extrême, on peut facilement imaginer la différence entre une personne raisonnant en français et une autre qui s’exprimerait en chinois. La première forme des phrases à l’aide de lettres -sans signification prises seules- assemblées en mots, dont certains représentent quelque chose de concret et d’autres ne sont voués qu’à la mécanique du langage. La seconde utilise des kanjis, symboles graphiques ayant tous un sens [voire plusieurs], pour une langue où tout n’est qu’image, contexte et métaphore. Il est clair que, d’un à l’autre, la formulation d’une idée se fera complètement différemment, ceci engendrant également des visions différentes de la chose. Et donc des manières de faire différentes, des voies d’actions différentes et, au final, en brassant ceci au fil du temps et des générations, des cultures totalement différentes.
C’est sur base de ce concept pertinent, des réflexions y attenant et de ses utilisations de grande envergure qu’on peut imaginer foisonnantes sous la plume d’un Jack VANCE maître dans l’art de créer des sociétés exotiques, que vont se dérouler les destins tortueux de Béran Panasper, héritier d’Aiello Panasper, le panarque, monarque de Pao, et de cette planète, pour lesquels certains nourrissent d’amples desseins...
On en dira pas plus sur l’histoire, dont on pourrait déjà trop révéler en vous parlant des cinq premières pages, mais sachez que vous aurez droit à : des protagonistes issus de planètes aux langages, modes de vies et psychologies radicalement différents, des modifications corporelles, de l’action, de l’intrigue, du souffle épique, de la réflexion, des machinations à long terme... On l’aura compris, l’exotisme, le dépaysement et la ruse propres à Jack VANCE sont au rendez-vous.
Voilà donc un livre hautement divertissant mené par l’intelligence qui fait son fond. A dévorer avidement !