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Message Publié : 07/09/2008 07:22 
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Schum'haddock
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D'origine grecque, Dimitri Karras est revendeur "d'herbe" dans un quartier pauvre de Washington. Accompagné de son ami, le Noir Marcus Clay, il passe se ravitailler chez un petit caïd italien, Eddie Marchetti. Celui-ci est en pleine transaction avec un quatuor de tueurs venus de Caroline pour acheter de la cocaïne. L'entretien tourne mal. Quelques coups sont échangés avec les sudistes et en représailles, Clay empoche le paquet de dollars qu'ils avaient versés à l'Italien. Les deux parties vont désormais s'affronter et tous les coups seront permis.

Sur cette trame de vengeance et de guerre mortelle (qui s'achève le 4 juillet, alors que la population fête joyeusement le bicentenaire de l'indépendance), Pelecanos reconstitue de façon efficace l'atmosphère d'un quartier de Washington avec moult détails sur la vie quotidienne des Noirs. Si les petits matchs de basket, la fumette et la soul music occupent une place importante dans leur existence, le cinéma est aussi très présent, plus particulièrement ce qu'on a appelé la "blaxploitation", cette série de films violents avec des "héros" noirs, qui débuta en 1971 avec Sweet Sweetback Baadass Song, écrit, réalisé et produit par Melvin Van Peebles. Premier volet d'une chronique sur la ville de Washington durant les années soixante-dix, King Suckerman est une reconstitution historique chaleureuse, écrite de façon béhavioriste, et qui permet de découvrir un milieu jusqu'alors bien négligé par le roman noir[/url]

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Milieu des années quatre-vingt, quartier noir de Washington, l'ambiance est chaude, violente même. En plein coeur du ghetto, un petit monde survit entre défonce, affaires louches ou légales, jolies filles et longues journées d'ennui. C'est là que Marcus Clay, grand costaud noir, ancien du Vietnam, a installé sa boutique de disques. Son meilleur ami, Dimitri Karras a laissé tomber l'enseignement et s'accroche de plus en plus à la coke. Tous deux s'en sortent comme ils peuvent, jusqu'au jour où un dealer fracasse la voiture de Dimitri devant la boutique de Marcus. Dans le véhicule en flammes, un témoin téméraire s'empare d'un gros paquet de billets. Un simple accident se transforme alors en cataclysme social et poursuites meurtrières.

Le roman de Pelecanos restitue à merveille l'atmosphère des quartiers noirs de l'époque : soul music, drogue, sexe et violence. Là où l'auteur a grandi et puisé ses personnages et ses histoires. Après King Suckerman, Suave comme l'éternité est le second volet qu'il consacre au ghetto et aux laissés-pour-compte de l'Amérique. Construit sur un rythme effréné, truffé de références musicales, c'est enfin un bel hommage aux films de la Blaxploitation.


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Washington DC, juillet 1995. Roman Otis et les frères Frank et Richard Farrow, qui se sont connus au pénitencier, attaquent une pizzeria de la ville. Ils ont été bien renseignés car la boutique sert de relais dans un circuit compliqué d'argent à blanchir ; ils mettent la main sur un petit magot. Le patron de la pizzeria qui tentait de riposter est abattu. Ses employés, témoins du meurtre, subissent le même sort. Le policier William Jonas surprend les truands. Il réussit à abattre Richard mais les deux rescapés le blessent grièvement avant de s'enfuir en voiture en écrasant Jimmy, le bambin de Dimitri Karras, qui se promenait dans la rue. Trois ans plus tard, la tuerie n'a pas été élucidée par la police, et comme ils en ont pris l'habitude, les proches des victimes se réunissent une fois par semaine en séance de soutien. Karras se voit proposer un petit boulot dans une gargote où travaille déjà Nick Stefanos qu'il a connu dans sa jeunesse. Cette activité régulière va lui permettre de reprendre goût à la vie, mais il garde toujours la haine chevillée au corps pour venger la mort de son enfant. Il apprend que les tueurs ont adressé une lettre de menace à Jonas, le flic blessé dans le hold-up qui vit depuis dans un fauteuil roulant.

Après King Suckerman et Suave comme l'éternité, ce roman clôt la trilogie du ghetto de Washington durant les années soixante-dix à quatre-vingt-dix. Il sert aussi de lien à une autre série consacrée aux enquêtes de Nick Stephanos, barman du Spot et détective intermittent. Une nouvelle chronique de Pelecanos, aussi réussie que Un nommé Peter Karras, Grand Prix du roman noir 2001 de Cognac.



George P. Pelecanos est arrivé en France en 1997 avec Le chien qui vendait des chaussures, roman noir à l’écriture froide et efficace . King Suckerman débutait une série autour de Washington DC et de héros récurrents. Avec Funky Guns, ce sont les chemins de deux d’entre eux Peter Karras et Nick Stefanos qui s’entrecroisent à Chocolate City, (surnom donné à Washington DC puisque 80% de sa population est noire) au cœur des années 90. Tout débute par le hold-up d’un restaurant qui tourne mal. L’intégralité du personnel est purement et simplement liquidée par Frank Farrow et Otis, tandis que Richard, le frère de Frank qui fait le guet à l’extérieur est abattu par la police. Dans leur fuite, les meurtriers renversent un gamin : le fils de Peter Karras meurt sur le coup.
Pelecanos met en place ses personnages comme un clinicien : posément et sans pathos. Les chapitres alternent les zooms sur chacun d’eux. L’écriture dépouillée, impassible, d’une sécheresse parfois inquiétante, parvient à toucher au plus juste la psychologie et la tension qui surgit des situations. Pendant plus de 150 pages, l’écrivain gréco-américain détaille les actes de ses personnages et le contexte dans lequel ils évoluent. Par le menu et sans aucune autre forme d’analyse, car la langue est ici en pleine possession de sa force, de son sens immédiat qui sollicite tous les sens. Chaque fin de phrase pourrait mener au chaos, mais Pelecanos qui nous tient par le bout du nez, poursuit sa narration avec une rigueur têtue. La longue descente en enfer s’amorce sans que le rythme ne se bouleverse. C’est précisément cette absence de rupture qui maintient la lecture tendue jusqu’au dernier mot… Plonger dans l’univers de Pelecanos, c’est s’exposer à devenir accro et à regarder le monde droit dans les yeux

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sans la liberté de blâmer il n'est point d'éloge flatteur - Beaumarchais.


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Message Publié : 07/09/2008 07:43 
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Schum'haddock
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Tout est dit ou presque, en fait. La trilogie King Suckerman est le destin croisé de 2 fils d'immigrants grecs, Dimitri et Nick qui essayent de s'en sortir tous les deux tant bien que mal au sein d'une société américaine en pleine mutation.

Cette trilogie démarre dans les années 70 pour finir deux décades après ( chaque volume décrit une décade ) et a pour décor la ville de Washington, ville dans laquelle nos deux protagonistes ont élu domicile.

Univers violent, raciste, opportuniste, ou il faut se battre ( au sens propre comme au sens figuré ) pour s'en sortir.

Dimitri et Nick l'ont bien compris et au gré de leur combats ils vont rencontrer des personnages hauts en couleur qui ne seront pas toujours de leur côté...

Violente, directe, truffée de références musicales et sportives, Pelecanos dépeint ici une fresque magistrale ou les intrigues policières passent dès fois en second plan.

Mais est ce bien important quand on nous emmène très loin dans les méandres de la noirceur humaine !

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