Un petit préambule avant de commencer: avant toute chose, j'ai remarqué qu'une série d'importance n'avait jamais été traitée ici, celle de l'inspecteur Banks par Peter Robinson. J'ai décidé de m'y coller en lisant au fur et à mesure tous les romans de cette série portée aux nues par les plus grands dont Ian Rankin et Stephen King. D'autres séries mériteraient d'ailleurs d'etre traitée pareillement, le 87ème District d'Ed Mc Bain en premier lieu mais je suis certain qu'en cherchant sur le net une personne doit lui avoir consacré cet honneur, alors qu'à ma connaissance ce n'est pas le cas pour Robinson.
Donc me voilà parti pour un voyage au long cours (plus de quinze romans à ce jour...)
1. Le voyeur du Yorkshire (Gallows view) -livre de poche-
Un voyeur qui espionne les femmes la nuit dans leur chambre. Une vieille dame retrouvée assassinée. Deux adolescents petits délinquants passant du vol aux agressions. Y a t'-il un point commun à tout cela? Banks qui vient d'etre muté de Londres à Eastvale va devoir le trouver...
Ecrite en 1987, soit il y a 23 ans, cette première enquete de Banks nous ramène au temps (béni?) où le téléphone portable n'était qu'une idée dans l'air, où internet n'existait pas et où les baladeurs A CASSETTES étaient encore à la mode!
Ceci étant, elle n'a été traduite dans notre beau pays qu'en 2007, la France ayant préféré commencer la série avec le 10ème volume!
On démarre cependant assez vite, sans les présentations d'usage, découvrant les protagonistes au fur et à mesure: Banks tout d'abord un inspecteur rablé, pas toujours de bonne humeur mais reconnaissant ses faiblesses, fumant la pipe, marié à Sandra et ayant deux enfants au seuil de l'adolescence Brian et Tracy, ses collègues Hatchley et Richmond, et son supérieur , le philanthropique Gristhorpe. Une fois tout ceci mis en place, on comprend vite que l'on va aimer cette série car Robinson sait nous faire apprécier ses personnages en ne nous cachant rien de leurs défauts ce qui les rend d'autant plus humains. Expert dans l'art du dialogue, on ne s'ennuie pas, meme s'il faut reconnaitre que cette première enquete tient sur un fil psychologique assez limite: la protection d'un père envers son fils poussé à l'extreme.
Cependant on sent déjà que tout est présent pour qu'une grande série de police-procédural naisse...
3/5
2. Le Rocher aux Corbeaux (a dedicated man) -livre de poche-
Cette seconde enquete est une vraie réussite jusque dans sa conclusion et son final percutant.
Harry Steadman, professeur d'université respecté a été assassiné. Apprécié de tous, on lui a pourtant fracassé le crane. Dans un petit bourg comme Swainsdale où il ne se passe jamais rien, Banks va vite etre amené à démeler le faux du vrai tant les ragots peuvent vite embrouiller le meilleur des limiers...
C'est un fait, en lisant ce roman plein d'une atmosphère prenante, je n'ai pu m'empecher de faire le rapprochement d'avec une autre -très- grande création littéraire, l'inspecteur Fred Fellows crée à la fin des années 50 par l'empereur du police-procédural (le roi en étant Mc Bain) Hillary Waugh. Meme façon de nous faire partager les angoisses d'un inspecteur de ne jamais découvrir le coupable, tout en espérant qu'une autre victime ne fasse pas les frais du manque de perspicacité dont parfois le héros peut se croire atteint. Meme si Waugh était insurpassable dans la concision (aucun de ses romans ne dépassait les 200 pages contre ici 330), Robinson - c'est tout à son honneur- ne délaye jamais! C'est juste que comme un vrai flic Banks revient parfois plusieurs fois enqueter chez les memes personnes espérant , guettant la petite phrase qui pourra le mettre sur la piste. Et c'est bien le cas ici, juste UNE PHRASE qu'il mettra en corrélation avec une remarque faite par sa femme et qui lui permettra de tout comprendre. Et c'est réellement jubilatoire de se rendre compte que les pistes étaient bonnes, mais prises dans le mauvais sens!!
Et puis, tout comme on appréciait la singularité des années 60 décrite dans les ouvrages de Waugh, on ressort chaque fois nostalgique des descriptions de l'époque où la cigarette avait droit de cité partout (ce qui indéniablement créait une atmosphère, meme si je suis non-fumeur) sans parler de certaines choses disparues (ah les plats en pyrex...)
Bref c'est savoureux à souhait avec des études psychologiques frisant la perfection sans la "lambinerie" propre à certains ouvrages britanniques style Higgins Clarke (mais peut-etre est-ce parce que Robinson est d'origine canadienne?
PS: Ne tenez pas compte du titre français ri-di-cu-le!
4,5/5