1931, l'Exposition coloniale. Quelques jours avant l'inauguration officielle, empoisonnés ou victimes d'une nourriture inadaptée, tous les crocodiles du marigot meurent d'un coup. Une solution est négociée par les organisateurs afin de remédier à la catastrophe. Le cirque Höffner de Francfort-sur-le-Main, qui souhaite renouveler l'intérêt du public, veut bien prêter les siens, mais en échange d'autant de Canaques. Qu'à cela ne tienne ! Les « cannibales » seront expédiés.Gocéné est un jeune homme choisi parmi les jeunes de son village pour représenter son peuple lors de cette exposition. Le gouvernement français leur avait « vendu » cette participation comme une véritable chance pour eux de faire connaitre leur pays aux Occidentaux.
C’est donc confiant dans l’avenir qu’une trentaine de Canaques embarquent vers la France.
Arrivés à Paris, le son de cloche est tout autre : ils sont parqués comme des animaux sauvages, ils doivent assurer le spectacle, grogner comme des bêtes sauvages, marcher et danser nus comme des vers.
Ils apprennent ainsi avec stupeur qu’ils sont considérés en Métropole qu’ils ne sont pas mieux que des sauvages, des cannibales. En voilà une belle attraction.
En peu de pages, Didier Daeninckx nous adresse un tableau effarant des colonialistes et des gouvernants de l’époque, qui échangeaient ses hommes comme de la marchandise sans se préoccuper de leur ressenti ni recueillir un quelconque accord. Demande-ton à l’animal qui se fait conduire à l’abattoir son avis ??? Grands dieux non, il n’est pas capable de penser.
Un roman qui ne laisse pas indifférent et qui nous montre combien le chemin est encore long vers la tolérance entre les peuples.
_________________
"on est tous l'étranger de quelqu'un" Marc Lévy