Le début d'une aventure
Isabelle Kauffmann a mené durant quelques années une brillante carrière d'oto-rhino-laryngologiste. Spécialisée dans la micro chirurgie de la voix, elle était en mal d'expression; il lui semblait «passer à côté de sa vie». Cette Lyonnaise, maman de trois enfants, a alors raccroché sa blouse blanche. Elle s'est jetée dans la peinture, a fait plusieurs expos puis, dans la musique comme auteur-compositeur et interprète de jazz et enfin, dans l'écriture. Coup d'essai et coup de maître, son premier manuscrit est sélectionné parmi quelque cinq cents autres. Son
Ne regardez pas le voleur qui passe rafle la mise:
le Prix Marie Claire du futur écrivain 2006 (3) dont l'enjeu du concours était d'être édité par Flammarion. «Ce prix n'est pas un critère de valeur, j'en suis bien consciente, dit-elle modestement, il y a tellement de gens merveilleux, talentueux qui ne seront jamais publiés ... »
Mais d'ajouter reconnaissante: «Ce prix est le début d'une aventure, comme une porte qui s'ouvre. Cela rassure, redonne de l'énergie. J'ai l'impression d'avoir accompli quelque chose ... » Dans ce cas, le prix est sans conteste un coup de projecteur sur un nouveau talent. Et son personnage, Lose, le voleur, court toujours: après quelques semaines dans les rayons, le roman s'est déjà vendu à plus de 4000 exemplaires. Belle réussite. Aussi, la page est-elle tournée et l'auteur est-il au travail sur son prochain ouvrage, «prix» à son propre jeu ...
Tel est «prix» qui croyait prendre
Nicole Provence, femme de gendarme, sait de quoi elle parle. C'est de sa région dauphinoise que la dame écrit ses intrigues policières. Elle a, de plus, travaillé le sujet. Pour cela, elle est allée jusqu'à prendre des cours de criminologie et de droit pénal. En 2004, avec son ouvrage,
La Pierre du Diable, édité chez Flammarion, elle obtient
le Prix du roman policier, cela sans même l'avoir envoyé pour participer. «J'ai alors été invitée à de nombreux salons, débats, rencontres et autres séances de signatures, dit-elle. Le livre s'est rapidement vendu à plus de 3000 exemplaires. Sans conteste, ce prix a attiré l'attention sur moi, le bandeau rouge fait vendre et cela facilite grandement les contrats suivants. Détail non négligeable: le prix rapporte un peu d'argent.»
France Lestelle, elle, est professeur de français. Elle écrit depuis toujours mais un beau matin de l'an 2000, plus audacieux que d'autres, elle envoie le manuscrit de son roman, les Agathines, à la ville de Villeurbanne qui a son prix littéraire. Bonne pioche. Son histoire de femmes est primée et éditée par les Editions des Gratteciel. «Cela m'a donné, dit -elle,la reconnaissance, la légitimité. Cela m'a rassurée, m'a motivée pour continuer. Je me sens écrivain à part entière ... » Depuis,
France Lestelle a publié deux autres ouvrages.
Corinne Poirieux dirige depuis deux décennies les Editions lyonnaises d'art et d'histoire. A plusieurs reprises, des auteurs
de la maison ont été primés. Les éditions, quant à elles, ont reçu
le Prix d'honneur de la ville de Lyon pour l'ensemble de ses oeuvres dédiées au patrimoine. Quelque peu amère cependant, l'éditrice trouve qu'en réalité «les prix ne rapportent rien au niveau régional. Il y a trop peu d'impact dans la presse; le prix ne fait pas vendre et, parfois, le prix lui-même n'est jamais versé ... » Tel est «prix» qui croyait prendre!
(3) Prix Marie Claire du futur écrivain 2007, date limite de remise des manuscrits: le 30 novembre 2006. Le thème est: Double vie.