Chère Raven,
merci mille fois pour ce joli compte rendu. Marie Joly est un livre qui occupe une place en marge de ma production habituelle – loin des monstres, des mystères, des thrillers... C'est mon "bébé différent", celui pour lequel j'ai une tendresse particulière. D'abord parce que le sujet m'a été offert par mon ami Emmanuel Chaunu, il y a des années... ensuite parce que, contrairement aux apparences, c'est une histoire VRAIE.
Citer :
J’ai eu envie de croire au havre de paix qu’arrive à maintenir Cécile, envie de l’aider, parce qu’il ne faut pas croire que Monsieur Bizien lui épargne quoi que ce soit
L'oasis de paix existe bel et bien, quelque part au pied du tombeau de Marie Joly, à deux pas de la Brêche au diable. Si l'héroïne de ce roman ne s'appelait pas Cécile, en revanche tous les événements sont authentiques.
Emmanuel Chaunu m'a offert des notes, des entretiens menés avec une dame qui, à la fin de sa vie, a éprouvé le besoin de poser ce sac trop lourd à porter depuis des années. Beaucoup de civils normands, ayant survécu à la guerre, se sont changés en "taiseux", s'interdisant de se mettre en avant quand d'autres avaient donné leur vie pour la liberté. On a chanté – à juste titre – les louanges des soldats qui s'étaient sacrifiés. On a oublié en partie ces héros anonymes qui, s'ils n'ont pas fait la guerre, l'ont subie.
N'étant ni historien, ni biographe, j'ai juste inventé les personnages annexes. Mais cette incroyable bonne femme, au courage exemplaire, s'est imposée. J'ai mis longtemps à en écrire l'histoire – je craignais de trahir sa mémoire. Il a fallu que Sabine Wespieser, l'éditrice, m'y invite.
Deux anecdotes, pour finir :
• Un libraire normand, qui m'invite à une rencontre/signature, me glisse, un peu peiné : "J'ai bien aimé votre roman, mais quel dommage que vous en ayez rajouté autant ! On sent l'auteur de thrillers, les événements sont tellement incroyables..."
Une bonne heure passée à lui expliquer que, non, je n'avais rien inventé.
• Un autre libraire, dans un salon : "Monsieur Bizien, on est désolé... On a reçu un carton de livres, là, mais (grimace douloureuse)... Ça doit être un homonyme."
Il faut se mettre à sa place, le malheureux : un type qui écrit des bêtises pour les enfants et des thrillers fantastiques ne peut pas livrer un roman de littérature générale, sinon, où va le monde, mmh ?
Je lui ai fait un grand sourire avant de répondre :
— Oui, mais donnez-les moi quand même. Les gens s'en foutent : je vais les dédicacer ni vu, ni connu.
Il doit être encore persuadé que je suis une espèce de faussaire.
Merci encore, Raven, pour ce papier.