Le dernier Vargas me fait de l'oeil
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On avoue avoir pris beaucoup de plaisir à tenter de deviner comment elle allait s'en sortir cette fois-ci. Par quelle malice elle parviendrait à relier les deux scènes si typiquement « vargassiennes », cocktail de violence ancestrale et de distance poétique, à l'origine de toute l'histoire. Il faut dire que, pour ce dixième roman, Fred Vargas n'a pas choisi la voie de la facilité. Tout commence à Londres, devant le très ancien cimetière de Highgate, par la découverte d'une vingtaine de chaussures, toutes dirigées vers la porte, « comme si elles voulaient entrer ». Des chaussures avec des pieds dedans, tranchés à hauteur des chevilles. A peine ses personnages ont-ils le temps de se perdre en conjectures que l'histoire rebondit dans la région parisienne. Le commissaire Adamsberg se retrouve face au corps d'un homme littéralement pulvérisé, réduit à l'état de particules projetées sur les murs de son pavillon. A ce point du récit, le lecteur jubile.
Par quel miracle Fred Vargas arrivera-t-elle à creuser le tunnel entre les deux scènes, la britannique et la française ? On ne racontera rien, évidemment. Sinon que tout se joue sur le fil, infiniment subtil, de l'imagination et des mots, étrangers en particulier. Et qu'il faudra mille méandres, quelques incursions aux frontières du fantastique et un grand détour par les bords du Danube pour que le charme opère une fois encore. Un lieu incertain est un conte policier qui vous scotche de la première à la dernière page, une fantaisie littéraire d'une singulière liberté. Un pied de nez à la mort, dont l'auteur a décidément le secret.
Michel Abescat
Telerama n° 3050 - 28 juin 2008
et puis Fred Vargas a participé à un tchat' organisé par Rue 89 :
c'est là