Peut-être le livre de l'année, trop beau et trop riche pour tenter de le résumer et le réduire à dix lignes sèches.
Une question : que sont devenus Shmiel et Ester et leurs 4 filles après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie ? Une réponse : ils ont été tué par les nazis.
Entre la question et la réponse, tout le reste, la vie, quoi. La mort aussi. Et d'autres questions tout aussi poignantes : ont-ils été dénoncé mais alors par qui et pourquoi ? Pourquoi l'antisémitisme ? Pourquoi personne ne les a-t-il aidé ? Pourquoi les survivants gardent-ils au fond du coeur cette souffrance coupable d'être encore en vie ?
A travers une enquête d'une extraordinaire intelligence et émotion dans le passé, doublée d'une introspection et d'une méditation sur les grands thêmes de l'humanité (jalousie, courage, lâcheté, vice) Daniel Mendelsohn nous parle (contrairement à Littel et ses Bienveillantes) d'humanité et de spiritualité. La relecture parallèle de grands épisodes de la Bible lui permet de faire le lien sur les récurentes sources du mal.
Il ressuscite par les mots cette nuit qui s'étend pour recouvrir le monde jusqu'à engloutir six millions de juifs. Une nuit qui finit par nous étreindre le coeur dans un étau glacé.
C'est la nuit qu'il est beau de croire en la lumière. Chaque être porte en soi sa part de lumière et de ténèbres et il faut toiser le vertige pour y découvrir la vérité. Quelle vérité d'ailleurs ? Il n'y a pas une vérité mais des vérités et si le roman est l'histoire qui aurait pu être, l'histoire est le roman de ce qui a été.
On ne peut s'empêcher de mettre en contrepoint Littel et ses Bienveillantes,
Les disparus de Mendelsohn fera quant à lui l'unanimité et réunira tout le monde autour de lui.
Guillaume de Baskerville