Lire la chronique sur Plume LibreQuand une affaire s'enlise, quand les juges d'instruction se mettent à enfermer des innocents, quand les gendarmes pataugent et que l'opinion publique commence à gronder, le ministère de l'Intérieur se voit contraint de faire appel à un fonctionnaire atypique : le commissaire divisionnaire Lediacre, homme calme, souriant, courtois... et totalement incontrôlable.
L'hiver, sur les routes de la Beauce, des voitures sont retrouvées. Vides. Leurs conductrices évaporées dans la nature. Personne n'a jamais vu le prédateur fantomatique qui guette les femmes seules à l'aube et au crépuscule. Personne ne sait non plus quel sort il réserve à ses victimes. Son territoire de chasse est vaste : une plaine qui s'étend sur plusieurs départements, des labours à perte de vue. Dans cet océan d'incertitudes, on devine seulement que le «Tueur de la Beauce», comme l'ont surnommé les journaux, est un monstre calculateur, prudent. Et patient.
Mais pour sortir la bête de sa tanière, le commissaire dispose d'un appât de choc : sa jeune protégée, le capitaine Hélène Vermeulen. Et la patience de Lediacre est infinie...
Extrait du livre :Il faut être honnête, je ne suis pas une femme tout à fait comme les autres. Je mesure 1,78 mètre, et j'ai pas mal pratiqué le handball, la gymnastique et la natation dans ma jeunesse, si bien que je n'ai rien d'une petite chose fragile. En tant que capitaine de police, je porte un Sig Sauer quinze coups sous mon blouson, collé contre mon rein droit. Et puis, même si je ne m'en rends pas compte, mon métier a dû déteindre sur ma physionomie : à force d'interroger des menteurs invétérés, j'ai sans doute hérité du port de tête autoritaire et du regard dur qui me frappaient tellement chez mes collègues au début de ma carrière. Je suis donc pratiquement immunisée contre la drague lourdingue. D'instinct les baratineurs vont tenter leur chance ailleurs, et dans les métros bondés, les mains baladeuses se dirigent vers d'autres fesses que les miennes.
De là à jouer les malignes, il y a un pas que je ne suis pas près de franchir. Deux ou trois expériences douloureuses m'ont appris que presque tous les hommes sont plus forts que presque toutes les femmes. Est-ce une question de densité physique ? d'habitude ? de brutalité atavique ? En tout cas, mis à part les moins de 16 ans, les anémiques et les plâtrés, méfiance ! Pour peu qu'il se déchaîne, n'importe quel type de ma taille et de mon poids qui a vraiment envie de m'étrangler ou de me défoncer la figure à coups de poing finira par y arriver.
Car les hommes ont un net penchant pour la sauvagerie. Sans sombrer dans le féminisme, vous en connaissez beaucoup, vous, des grosses vicieuses qui pourchassent les garçonnets à la sortie des écoles, ou des psychopathes en jupons qui ensevelissent leurs fiancés successifs sous une chape de béton ? Alors que l'inverse remplit les colonnes des journaux et les cours d'assises. Si vous êtes handicapée mentale et domiciliée dans l'Yonne, Emile Louis vous emmène faire un tour dans son autocar. Si vous êtes jeune et mignonne, et si vous habitez seule dans l'Est parisien, Guy Georges vous emboîte le pas en douceur dans votre hall d'immeuble afin de vous égorger avec son Opinel après vous avoir longuement violée. Si vous avez la mauvaise idée de faire de l'auto-stop, Michel Fourniret sera ravi de vous conduire tout droit en enfer (avec, il est vrai, la complicité de sa tendre moitié). Si vous avez dans les 90 ans, c'est le dynamique Thierry Paulin qui vous verse dans l'oesophage du liquide à déboucher les canalisations pour vous faire avouer où vous cachez l'argent des commissions.