L'avis de la Fnac
De Niro's Game a beau être le premier roman de Rawi Hage, photographe libanais de 44 ans, il vient d'obtenir le prestigieux prix Impac en juillet 2008, coiffant au poteau des ténors de la littérature internationale tels que Philip Roth, Jay McInerney ou Thomas Pynchon.
"On est remontés sur la moto et on est repartis sous la pluie de balle ; on s'en foutait. […] On roulait sans but, deux mendiant, deux voleurs, deux Arabes en rut avec nos cheveux bouclés, nos chemises déboutonnées, un paquet de Marlboro coincé dans une manche, deux rebelles, deux nihilistes sans pitié avec nos revolvers et nos jeans américain." Véritable opération coup de feu, De Niro's Game doit son titre au film De Michael Cimino (avec Robert de Niro, donc), Deer Hunter, très sombre histoire de roulette russe sur fond de guerre du Vietnam. "J'ai suggéré : on pourrait allumer une bougie. — Où ça ? Chez ta mère ou chez moi ? répondit-elle en posant ses deux mains sur la courbe de ses hanches. Ses cheveux coulaient sur ses épaules, ses grands yeux noirs attendaient que je réponde. — J'ai chuchoté : À Rome. — Quoi ? J'ai traversé la rue sans un mot de plus." Le lecteur se trouve ballotté entre pure violence et pure mélancolie tout au long de ce récit qui est d'abord celui de l'amitié entre Bassam et Georges, deux hommes cherchant à fuir. "Quelle connerie, la guerre", parait-il. Il semblerait, à la lecture de De Niro's Game, qu'il y ait bien plus à dire. Âmes sensibles s'abstenir… Quoique… Non. Ce serait trop dommage.
Mot de l'éditeur
À Beyrouth-Ouest, Bassam et Georges, deux amis d’enfance, tuent leur ennui et leur mal de vivre à coups de petits boulots minables, de maigres larcins et de soirées trop arrosées. Les jours se suivent et avec eux les alertes, les morts, les immeubles en ruine. Les filles sont difficilement accessibles, muselées par les traditions et les couvre-feux. Entre deux visites aux copains de lycée engagés dans la milice, les deux jeunes gens s’imaginent coulant des jours meilleurs : Bassam rêve de fuir à l’étranger, et Georges, lui, se sent de plus en plus attiré par les discours belliqueux de la milice chrétienne.
Dans un ultime défi, les deux amis décident de détourner la recette de la salle de jeu où Georges travaille. Mais l’argent seul suffira-t-il à les éloigner de la guerre et à sauver leur amitié ? Porté par une écriture sans concessions, le premier roman de Rawi Hage annonce, au-delà de la puissance du récit, l’avènement d’un grand écrivain.
Rawi Hage est né au Liban, à Beyrouth, qu’il quittera après la guerre civile, en 1992. Il vit depuis à Montréal. Curator, il partage ses activités entre les arts visuels et l’écriture. De Niro’s Game, son premier roman, a obtenu de nombreuses récompenses au Canada, dont le prix des Libraires de Québec.