Oui, je parle bien de Bernard Werber, le seul, l'unique, l'incontournable. Et je vais sans doute me faire des ennemis en disant ceci, mais BW m'a déçue.
Lorsque j'ai découvert les Fourmis, j'ai craqué. C'était génialissime, un des romans les plus originaux que j'aie eu l'occasion de lire, un vrai bonheur. J'ai ensuite lu les Thanathonautes, que j'ai adoré. Dès lors, j'étais fan.
Le Jour des fourmis m'a un peu refroidie, mais après tout, c'était une suite, et les suites n'ont souvent pas la saveur des débuts. En plus, j'aimais beaucoup l'histoire, et somme toute, la lecture avait été plutôt agréable.
La révolution des fourmis était très différentes des deux premiers bouquins, mais j'y ai quand même trouvé mon bonheur. Certaines idées étaient vraiment intéressantes, et je m'étais attachée au personnage de la fille (je ne me rappelle plus son nom et j'ai la flemme de faire deux mètres pour aller vérifier dans le bouquin, mais qu'importe).
L'empire des anges m'a vraiment déçue. J'avais tellement aimé les thanathonautes que j'ai eu du mal à concevoir que la suite puisse être si... banale.
Mais le pompom est arrivé avec le Père de nos pères.
De profession, je suis biologiste. J'aime beaucoup tout ce qui touche à la science, à la biologie en particulier, ce qui était la raison pour laquelle j'aimais tant BW. Avec le père de nos pères, il a signé son arrêt de mort...
Outre les stupidités que j'ai pu y lire, j'ai surtout été sidérée par l'aspect grossier (grossier au sens de pas "soigné", pas "affiné", pas grossier au sens de vulgaire) de son style. De longs blablas explicatifs, mal placés, des personnages insipides alors qu'ils auraient pu déborder de charisme, une histoire abracadabrante sans queue ni tête, une fin "facile", bref, un flop.
Etant moi-même auteur, je me rends bien compte de la variation qu'il y a dans les textes. Lorsque je relis ce que j'écris, je me dis "ouais, ok, ce chapitre-là, il aurait pu être bien meilleur". Et quand j'écris des nouvelles, j'ai toujours la pression de faire moins bien que la fois d'avant, que les lecteurs me disent "bof, pas aimé celle-ci, elle était moins bien que les autres" (c'est arrivé). Donc, je comprends très bien la pression que BW doit subir. On ne peut pas être bon tout le temps.
J'ai ensuite lu une de ses nouvelles, si je ne me trompe pas, c'était l'arbre des possibles. J'ai été sidérée qu'un texte d'aussi mauvaise qualité (à mon avis) soit publié. Cela dit, les éditeurs ne prennent pas de risque, du moment que c'est signé BW, les gens achètent.
Bref, là, c'était tellement mauvais que je me suis demandée si l'auteur était vraiment BW, c'est dire !
Et la consécration est arrivée avec l'ultime secret.
Là, une histoire originale, des personnages intéressants (les mêmes que dans le père de nos pères), mais un style lourd, débordant de condescendance et de suffisance, qui donne à ce roman un ton presque doctoral. C'est marrant, souvent, lorsque l'histoire est géniale, je ne fais pas trop attention au style, et vice-versa. Mais là, bien que j'aie trouvé l'histoire très originale et vraiment intéressante, j'ai grommelé pendant tout le bouquin à chaque fois qu'il faisait des "pauses-science", pour nous étaler sa culture sur une page, deux si on était moins chanceux. Ce genre de pauses nous tire hors du roman comme une grande claque au visage, et finalement, on a l'impression qu'il a juste voulu nous montrer qu'il "savait".
Personnellement, je fais énormément de recherches pour mes écrits, mais même si la tentation est grande de les afficher dans le texte (après tout, il faut bien que les lecteurs se rendent compte de l'effort, hein !), je résiste, parce que je ne suis pas sûre de parvenir à les intégrer avec subtilité. Les recherches me servent à être sûre que je ne dis pas de bêtises, mais elles ne doivent pas être un prétexte à jeter de la poudre aux yeux des gens.
Je peux sembler un peu présomptueuse à toujours faire la comparaison avec moi, surtout que BW a une bonne longueur d'avance sur mon inexistante carrière d'écrivain, mais ce n'est pas l'effet que je veux produire. Je ne veux pas me permettre de comparer à quelqu'un dont je ne connais pas les motivations.
Bref, BW a beaucoup de talent, mais je trouve qu'actuellement, sa célébrité semble lui être montée à la tête, et que certains de ses livres ne méritent pas leur succès.
Cela dit, les Fourmis et les Thanathonautes restent de grands romans, à mon avis.
_________________ Les Enfants de l'Ô, un roman à lire en ligne gratuitement :
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