J'attendais le moment propice pour me glisser aux côtés de Plaisance, Hermionne, et toutes les autres soeurs de Monestarium et vivre une autre aventure. je n'aime pas gâcher la belle ouvrage, donc j'ai attendu et en deux jours je me suis isolée dans cette abbaye des Clairets enneigée, dans le silence qui étouffe tout bruit, tout cri, même ceux des oiseaux pour vivre au rythme des moniales.
J'ai lu avec certainement d'autres yeux que les vôtres, d'une part parce que je connais bien l'auteure et d'autre part, parce qu'en temps qu'écrivain( je préfère dire romancière) je m'attache au poids des mots, aux messages qu'ils transportent, aux images qu'ils créent de nos yeux jusqu'à notre esprit. Et ce n'est plus une simple écriture de roman, c'est un dialogue entre elle et nous si nous savons l'entendre.
On sait combien Andréa H Japp a le pouvoir de nous transporter d'un polar né les rues noires de Boston à un roman qui sait vous geler les doigts ou les orteils. On la suit partout, on hume le fumet d'une soupe aux herbes, on grelotte dans les cellules, nos pas crissent dans la neige, on partage les émotions, rancoeurs et rancunes des unes et des autres qui n'ont rien de perfection.
L'Abbaye abrite des femmes qui n'ont pas eu le choix de leur vie et qui réunies, vont laisser exploser leurs sentiments les plus secrets. Que ce soit Anne, revenue s'y cacher pour une bonne raison, Hermione( je l'aime celle-celui là) Mary, l'Angloise, Alexia qui transporte avec elle un parfum d'amour en ce lieux de frustrations pour son futur époux Aimery de Mortagne et prouvera sa vivacité d'esprit, la douce et sincère abbesse Plaisance qui n'en est pas moins forte, ou Marguerite l'hôtelière, qui loin des commandements de Dieu ne pardonnera pas. Nous pénétrons dans leurs sentiments si bien décrits par Andréa H Japp qui n'a plus de secrets pour sonder les âmes de ses personnages. Et bien sûr, je n'oublie pas nos cinq gueux qui m'ont tout de suite attendrie.
Puis les hommes...Arnaud Amalric, un homme en noir qui m'a fait penser au personnage fétiche de notre " ami Graham", Monsieur de Villanova, un savant qui ne renoncera pas à la retrouver cette croix, peu importe si les jours qui lui restent à vivre lui en donneront l'occasion, Frère Henri, l'enlumineur aux doigts condamnés et Urdin, l'homme loup, prêts à tout pour que leur voeu s'accomplisse...
Voilà tout ce dont je me suis délectée dans l'écriture d'Andréa H Japp, pour moi, les faits historiques ont moins d'importance, pardon, je suis ainsi, je les aime parce qu'ils vont me plonger dans une ambiance, mais ne me demandez pas de vous dire quels hauts faits avaient marqué ce siècle...je préfère les lire que m'en souvenir.
Alors, ne dévorez pas ce livre d'un coup. Attachez-vous à retrouver toutes les émotions que fait naître une belle écriture
Et j'attends désormais le prochain qui nous fera faire un grand bond en avant, un roman contemporain et très, très noir!
_________________ Quand l'homme aura fini de saccager le monde,
il lui restera le chat, qui s'est toujours fait à ses défauts.
(Catherine Rihoit)
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