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Pandora femme d'affaires avisée, mariée à Fletcher, chantre de la bouffe macrobio et belle-mère de deux ados, a accepté d'héberger Edison, son grand frère musicien de jazz qu'elle n'a pas vu depuis quatre ans. Mais à son arrivée à l'aéroport, c'est le choc: de l'homme séduisant et cynique de son souvenir ne reste plus que ce dernier trait. Nanti de 100 kilos de plus, c'est à un homme obèse qu'elle fait face. Entre le mari et le frère la tension va vite devenir intenable au point que Pandora devra choisir entre sa vie actuelle et sauver son frère...
Bizarrement, alors que son premier livre "
Il faut qu'on parle de Kevin" avait été un des chocs littéraires de ces quinze dernières années, je n'avais plus rien relu de cette auteure depuis (peut être par peur d'être déçu ou plus sûrement parce que les thèmes abordés ne me disait rien). Quoiqu'il en soit, celui-ci m'étant proposé, je me suis dit que c'était une occasion à moindre frais de me replonger dans l'univers de Lionel Shriver...et le moins que je puisse dire est qu'elle n'a rien perdu de sa roublardise! Sur un thème rarement traité -l 'obésité-, elle réussit le tour de force de nous happer dès les premières pages pour ne plus nous lâcher, avec quelques réflexions bien senties sur les travers de notre société, ainsi en parlant d'internet, "ce passe temps sénile où comment remplacer l'attitude passive devant la télé par une séduisante illusion de productivité". Mais Shriver est également douée pour mettre des mots (en l'occurrence des phrases) sur certains ressentis vis à vis des proches, ainsi: "Quand je lui avait dit qu'il allait me manquer, je songeais à tout ce que nous n'avions pas vécu ensemble, sorte de nostalgie de ce qui ne s'était pas produit." Superbe écriture sans conteste. Mais tout cela est balayé par cette facilitée qu'à cette auteure à nous produire, tout comme dans son premier livre, un retournement de situation toujours stupéfiant. La scène finale du repas était déjà dantesque et d'une tristesse absolue mais alors le dernier chapitre est lui totalement bluffant. Avec le recul, malgré tout, je me demande si Shriver n'a pas tout simplement réussi à choisir entre deux fins (?) Pour ma part, rester sur le final du repas m'aurait beaucoup plus marqué et aurait correspondu à tout ce que je pensais, à savoir qu'Edison n'avait jamais réellement réussi à s'imposer SA vie. En tous les cas, ce roman est une réussite incontestable et prouve que Shriver n'est pas l'unique auteur d'un seul roman!
5/5