Belgarpatounet a écrit :
Je ne sais pas si je vais être très clair, mais penses-tu qu'il y ait un rapport étroit entre ces deux passions que sont l'écriture de romans et la musique ?:
A priori : non. Je ne m'étais jamais posé la question, pour être franc, mais je constate tout de même que j'ai plus souvent du texte que des notes ou des mélodies quand j'écris. Ou alors quelque chose de lancinant, de répétitif. je vais essayer de préciser en répondant aux autres questions que tu me poses.
Belgarpatounet a écrit :
Ecris-tu tes romans en écoutant de la musique ?:
Cette fois ci, je suis certain de ma réponse : non ! Avant, après, oui, mais jamais pendant. Le parallèle est peut-être bancal, mais il me semble que l'écriture implique une certaine forme d'autisme ou de surdité à l'environnement proche (sauf si l'on s'en inspire pour une description, par exemple). C'est presque ça : sourd avec pour seule musique, une mélodie purement cérébrale, faite de connexions, de souvenirs. Inversement, il me semble que c'est pareil pour la musique : on reste finalement très concentré sur ce que l'on fait, pour être juste d'une part (aspect technique), et pour prendre du plaisir d'autre part. Assez bizarrement, les bruits familiers ne me dérangent pas (oiseaux, portes qui claquent, bruits de pas, etc.), au contraire, même, ils finissent par habiter le récit. Et puis, pour être clair : j'aime la musique et j'ai du mal à faire autre chose que d'être totalement immergé. Idem pour l'écriture. Il faut ajouter à cela la notion de plaisir, de jouissance immédiate, etc.
Belgarpatounet a écrit :
As-tu un rythme ou un style particulier de musique en tête quand tu écris ?:
Bruits lancinants, grattements, sifflements, rythmes répétitifs, généralement ceux du passage que je suis en train d'écrire. Eventuellement un refrain, mais il fait alors intégralement partie du récit, comme c'est le cas de certains refrains de l'album Script for a Jester's Tear de Marillion dans Modus Operandi. Je suis assez stakhanoviste quand j'écris. Après tout peut-être as-tu raison, l'écriture est une forme de musique. Il me semble avoir lu quelque chose là-dessus il y a un moment. Mais je ne pourrais pas t'en dire plus, je ne suis pas théoricien sur la question. La seule question à se poser pourrait être : comment une personne sourde par naissance peut-elle imaginer la musique ? Voit-elle des notes, comment les formule-t-elle, correspondent-elles à des couleurs ou des vibrations ? Je suis un peu comme cela quand j'écris, ce que me semble au final très banal : c'est ce qu'on appelle l'abstraction.
Belgarpatounet a écrit :
Ressens-tu les même sensations en écrivant ou en jouant d'un instrument ?:
Absolument pas. Jouer d'un instrument est beaucoup plus reposant. Je n'ai aucun rapport douloureux avec la musique. La musique est plus pure, plus "naturelle". Elle est partout dès notre naissance et même un peu avant, sous forme de mélodies, de sons, de bruits, de grattements, etc. On a déjà de sacrées bonnes bases, même si l'on n'est pas musicien. Au contraire, l'écriture est un processus purement social : on l'apprend. Différemment selon les régions du monde, les cultures, etc. Notre cerveau se structure en fonction du langage, et l'écriture est l'une des expressions les plus tordues du langage. Tout au moins, c'est comme ça que je la conçois.